Julie faisait partie des otages retenus par le terroriste qui avait fait irruption au Super U de Trèbes. Grâce au sacrifice d’Arnaud Beltrame, elle est aujourd’hui saine et sauve. A quelques jours de l’ouverture du procès de sept personnes en lien avec l’attentat devant la cour d’assises spéciale de Paris, elle a accepté de témoigner, sous anonymat, ce jeudi 4 octobre.

« Je n’étais plus qu’une espèce de pantin »

Ce jour-là, il est à peine 11 heures. « J’ai entendu « Allah Akbar » et j’ai vu quelqu’un qui tirait en l’air », entame Julie. Il s’agit de Radouane Lakrim qui pénètre au sein du supermarché. « Je me suis baissée et il a dit « C’est bon, j’ai mon otage. Sors de là, je ne te ferai pas de mal » », se remémore-t-elle, 5 ans après. « Je sentais le canon de l’arme trembler sur mon crâne », raconte-t-elle au journal de 20H sur TF1. « Je sentais aussi que dans l’esprit du terroriste, je n’existais plus, je n’étais plus qu’une espèce de pantin ». Dans l’esprit de Julie, c’est la fin. Elle va mourir.

Arnaud Beltrame, 44 ans, entre dans le supermarché. « J’entends que le gendarme répète plusieurs fois et de diverses manières : ‘Prends-moi à la place de la petite dame qui n’y est pour rien. Moi, je représente l’Etat, on va discuter’ », raconte Julie, émue. « Tout en disant cela au terroriste, il me fixait droit dans les yeux. Mais à aucun moment il ne s’est adressé à moi. À aucun moment il ne m’a fait un signe, même discrètement. Il ne faisait que me regarder dans les yeux ».

Le sauveur succombe à ses blessures

©capture écran France 24

Le gendarme a tenu les négociations pendant trois heures. Malheureusement, Arnaud Beltrame est grièvement blessé par Radouane Lakdim, abattu quelques instants plus tard par le GIGN. Arnaud Beltrame a perdu la vie dans la nuit, des suites de ses blessures. « Dans mes tripes, je sens une rage qui me tenaille, la colère d’avoir perdu une vie si précieuse pour l’humanité, d’avoir perdu un homme si honorable. Je lui dis que j’essayerai de me montrer digne de la vie qu’il a protégée en risquant la sienne ». La caissière miraculée est envahit par un sentiment de culpabilité, édulcoré grâce à la femme d’Arnaud Beltrame. «Elle m’a tendu la main la première en m’écrivant une très gentille et jolie lettre. Cela m’a aidé à avancer et à soigner un peu ma culpabilité », précise-t-elle.

« J’ai une dette envers lui »

Julie, qui se décrit comme une « athée dure-dure », s’est tournée vers la religion depuis ce terrible incident. « Je me suis dit que, si cet homme d’exception, avec toute son intelligence et ses qualités humaines, croyait en Dieu, alors il fallait que j’aille voir ce qu’il en était », explique-t-elle auprès du Figaro. « Arnaud ne m’a pas sauvée pour que je m’écroule quatre ans après (…) J’ai une dette envers lui : je me dois de donner tout ce que j’ai comme amour, et la prière me ramène vers la lumière ». 

Ce 10 janvier 2024, Julie, mère de famille, publiera son livre Sa vie pour la mienne, aux éditions Artège. En l’absence du principal auteur, sept accusés seront jugés, du 22 janvier au 23 février 2024, pour association de malfaiteurs terroristes et/ou délits connexes. Le procès aura lieu devant la cour d’assises spéciale de Paris.

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