Riss, dessinateur et directeur de la publication de Charlie Hebdo, a été grièvement blessé lors de l’attentat du 7 janvier 2015. Ce dimanche 7 janvier 2015, il s’est confié à France Info. 

« Je crois qu’on ne guérit pas vraiment », assure-t-il, 9 ans après l’attentat meurtrier à Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts. « Ça reste toujours présent et je pense que c’est comme ça pour toutes les personnes qui sont victimes de terrorisme ou même de violences tout court », confie le dessinateur. 

Selon lui, cet attentat a fait « sauter des digues » sur l’idéologie islamiste. « Nous avons toujours eu l’impression que ce qui s’était passé le 7 janvier inaugurait alors quelque chose de nouveau. Cela a fait sauter des digues et des gens se sont sentis désinhibés, se sont crus autorisés à commettre eux aussi des violences », a-t-il déclaré. Aujourd’hui, il appelle à « réformer chaque nouvelle génération » sur la laïcité.

« Rien ne résorbe tout seul »

« Après l’attentat de Charlie Hebdo, on pouvait avoir l’espoir un peu naïf que tout allait se résorber de lui-même. En fait, rien ne se résorbe tout seul », assure-t-il, pessimiste avant de dénoncer une certaine complaisance de certains politiques pour l’idéologie islamiste. « Sur l’échiquier politique, il y a des formations qui sont traditionnellement fascinées par la radicalité, comme si la radicalité était un programme politique, alors que c’est un mot qui ne veut rien dire (…) Il y a du calcul politique, et culturellement, il y a une fascination pour la violence politique. Je pense à ces formations politiques qui ne se sont jamais vraiment éloignées de la logique terroriste, même le terrorisme d’extrême gauche des années 70 », décrit-il.

Former la nouvelle génération à la laïcité

Pour le dessinateur, le manque de connaissance autour de la laïcité est une entrave à la lutte contre le terrorisme. « Il y a une méconnaissance chez la jeune génération, d’abord une méconnaissance de l’histoire de la laïcité », déplore-t-il tout en assurant que de nombreux pays comprennent pourtant parfaitement ce principe et souhaitent l’appliquer chez eux. « Dans le cadre de l’école publique, les professeurs ne peuvent faire leur travail qu’en étant protégés par la laïcité », affirme le dessinateur. « Mais s’ils se mettent à douter, s’ils sont assaillis par des revendications communautaristes, ils ne peuvent pas enseigner l’esprit tranquille.  La laïcité, c’est un préalable indispensable à l’enseignement dans une école publique et une démocratie. Il y a des jeunes qui sont dans une logique de rejet ».

« 9 ans après, n’oublions pas »

©capture écran Public Sénat

Ce dimanche 7 janvier, plusieurs personnalités et organisations ont rendu hommage aux personnes décédées au cours des attentats perpétrés entre le 7 et le 9 janvier à Paris. Entre le 7 et le 9 janvier 2015, la France a été la cible du terrorisme islamiste. En attaquant Charlie Hebdo, un Hyper Casher et des policiers, les assassins voulaient détruire nos libertés et nous diviser », a écrit Emmanuel Macron sur X ce dimanche 7 janvier. Ce jour-là, les frères Kouachi ont tué huit journalistes, un employé du journal, un invité, un policier chargé de protéger le dessinateur Charb et un policier. 

« Pensons aux victimes de l’attentat de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, tombées sous les tirs de la barbarie islamiste, ainsi qu’à leurs proches. Parmi elles, trois policiers: Clarissa Jean-Philippe, Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet », a de son côté écrit Gérald Darmanin sur X.

« Continuons à nous battre contre l’intolérance religieuse qui menace toujours les dessinateurs de presse & le droit à l’information », a sommé l’ONG Reporters sans frontières à l’occasion de ce douloureux anniversaire.

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