Le hasard n’a pas été permis. Mohammed Mogouchkov, 21 ans, pénètre dans le lycée Gambetta à Arras. Muni d’un couteau, il attaque un professeur Dominique Benard. Si tout a été programmé, le terroriste a pensé à tout. Même le professeur auquel il voulait s’y prendre. Dominique Bernard a été intentionnellement choisi comme l’a révélé le terroriste au cours de ces derniers interrogatoires.

S’en prendre au symbole de l’amour

©unsplash

Dans un premier rapport de synthèse consulté peu après l’attaque terroriste, la Sous-direction antiterroriste (Sdat) évoquait « un projet minutieusement conçu depuis plusieurs semaines, voire [plusieurs] mois ». Récemment, après des interrogatoires en novembre et janvier, Mohammed Mogouchkov a livré un récit glaçant qui fait état d’une précision horrifiante. Il explique avoir intentionnellement ciblé le professeur de français, Dominique Bernard afin de s’attaquer au symbole de « l’amour » de la France.

Et son argumentation est tout aussi rodée. « Dominique Bernard était professeur de français, c’est l’une des matières où on transmet la passion, l’amour, l’attachement du système en général de la République, de la démocratie, des droits de l’homme », a-t-il expliqué à la juge d’instruction le 10 novembre d’après des éléments consultés par l’AFP. « C’était planifié. Les moyens utilisés, ce qu’il y avait dans mes mains, le jour choisi, l’emplacement et la cible étaient intentionnels. La première cible touchée était la cible principale, finale. Qui était planifiée », a-t-il froidement détaillé. « Tous les mouvements qui se sont passés après les coups portés sur Dominique Bernard étaient improvisés. Même si j’ai mis des semaines à penser à ça [l’attentat], la pensée s’arrêtait à M. Bernard ». 

« Se faire tuer en état de mécréance »

Dominique Bernard était l’ancien professeur du jeune Russe. Il s’en est pris avec lui pour ce qu’il incarne,  sans avoir « de problème particulier avec lui », comme il l’a précisé durant son interrogatoire. « Un établissement scolaire, c’est symbolique déjà. C’est le symbole de la naissance du système. Le système a besoin d’avoir des générations et de garantir la continuité de l’idéologie en place sur les nouvelles générations. C’est le symbole du polythéisme », a-t-il précisé. 

Concernant les trois autres personnes qu’il a blessées, Mohammed Mogouchkov a déclaré qu’il les a intentionnellement laissées en vie.  « Comme pitié de les voir mourir ou se faire tuer en état de mécréance ». Il raconte alors avoir eu « plutôt l’envie » de les pousser à croire, « en leur parlant ». « Je n’ai jamais visé de femme », a-t-il ensuite voulu préciser. Mohammed Mogouchkov a ensuite répété avoir agi seul : « aucune personne n’était au courant de ce projet ou même de cette volonté ».

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