Doit-on enfin prendre au sérieux la menace qui émane de la jeunesse identitaire ? Proches de l’ultra droite lyonnaise, deux jeunes hommes étaient jugés pour l’agression de trois hommes en sortie de boîte de nuit sur la place des Terreaux dans la nuit de mercredi à jeudi 1er février. « C’est le procès d’individus violents animés par une idéologie raciste », a lancé le procureur Olivier Rabot.

Mouvance identitaire

Une première altercation a commencé dans un bar, à partir de laquelle une gifle a été donnée ainsi que des insultes racistes proférées. L’altercation s’était ainsi poursuivie à l’extérieur et une bagarre avait éclaté entre un groupe de quatre individus et les trois victimes d’origine nord-africaine. Le principal mis en cause est Sinisha Milinov, 22 ans, ex-porte parole du mouvement identitaire Les Remparts. 

Son acolyte est âgé de 21 ans. Le premier a été condamné à seize mois d’emprisonnement dont six mois ferme, avec mandat de dépôt à la barre. Le second a été jugé coupable d’avoir porté plusieurs coups de couteau ayant grièvement blessé deux victimes au visage et condamné à trente-six mois d’emprisonnement, dont deux ans ferme. Les prévenus ont soutenu avoir été menacés et traités de « fascistes ». Les avocats de la défense ont plaidé la thèse des « violences réciproques ».

L'un des agresseurs affirme avoir « cédé à la panique »

« Je suis apeuré, je n’ai pas une vision très claire de la situation, après m’être reçu un coup dans la tête. Je cède à la panique », raconte l’un des deux prévenus. Alors qu’il avait un couteau sur lui, il est interrogé sur la raison pour laquelle il se balade avec une arme dans les rues de Lyon. « Ça m’est déjà arrivé de voir des situations, la nuit à Lyon, où je me suis senti en danger. C’est pour ça que je sors avec un couteau ». Ce soir-là, son couteau lui a permis de poignarder six fois de suite la même personne.

Le caractère raciste a-t-il été retenu ?

©unsplash

« On arrivait à trois et c’est l’élément principal qui est venu totalement face à mon ami, qui a commencé à le menacer, à sortir des insultes raciales envers nous », explique l’une des victimes de l’agression au couteau, au micro de BFM Lyon. « C’est là que c’est parti (…), ‘sale arabe’, et comme moi j’étais en sang et que je me dirigeais vers le commissariat, j’ai entendu ‘on a bien fait le ménage’. Je ne pense pas qu’ils parlaient d’un ménage sur le sol »,  précise-t-il. 

De son côté, Me Fabien Rajon, l’avocat du prévenu qui a asséné les coups de couteau, nie tout fait de racisme. « Vous n’avez pas le moindre message raciste de sa part, aucun antécédent, aucun drapeau. Il n’y a aucun élément qui caractérise son appartenance à l’extrême droite ». 

A l’issue de la délibération, les deux prévenus sont reconnus coupables et condamnés à des peines de deux et de six mois de prison ferme. Enfin, la circonstance aggravante du mobile raciste a été retenue par le tribunal compte tenu des témoignages et des conversations sur les téléphones.

Quel état physique et mental pour les victimes ?

Sur les trois victimes, deux souffrent de légères blessures. Le troisième est resté cinq heures au bloc opératoire selon les informations de BFM Lyon. Une artère du crâne aurait été touchée et la partie supérieure droite de son visage est aujourd’hui paralysée. Aujourd’hui, le traumatisme est réel pour chacune des victimes. « Se réveiller toutes les heures pendant son sommeil, c’est dur à vivre. Avoir l’impression d’être dans une flaque de sang, que ses plaies s’ouvrent », raconte l’une des victimes, qui a préféré rester anonyme.  «Les médecins m’ont dit que les coups qui m’ont été donnés, c’était pour tuer », raconte un autre à Libé. 

« Dans la rue, je ne me sens pas en sécurité. Je ne voulais même pas être là aujourd’hui, mais je me suis dit qu’il fallait que j’affronte ma peur, que je vienne sur place pour me confronter au lieu où ça s’est passé », confie une seconde victime toujours sur BFM Lyon. 

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