Ce lundi 26 février, le ministre de l’Intérieur a appelé à la création d’un « statut de l’Imam de France », dans l’intention de mettre en place un cadre légal pour reconnaître officiellement la fonction d’imam, le leader spirituel chargé de diriger les prières dans l’Islam. L’objectif ? Formaliser la position des imams au sein de la société française. Pour ce faire, Darmanin a demandé aux membres du Forum de l’islam de France (Forif) de préparer les bases de ce statut dans un délai de six mois, avec l’ambition de l’introduire pour la rentrée suivante.

Dans un discours prononcé au Forum de l’islam de France (FORIF), le ministre de l’Intérieur veut lutter contre l’idée que l’Islam « est une religion d’étrangers, pour les étrangers, financée par les étrangers » et de rajouter : « 60% des musulmans en France sont nés en France et c’est une religion française comme les autres ». Selon le ministre de l’intérieur, ce statut est espéré par « nombre (de) musulmans, et nombre d’imams qui ne sont pas aujourd’hui correctement rémunérés ». 

Mieux reconnaître le culte musulman

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Cette initiative s’inscrit dans un effort plus large pour organiser le culte musulman en France, tout en répondant fermement aux menaces potentielles telles que l’extrémisme ou l’islamisme. Cela fait notamment suite à des mesures prises contre l’imam Mahjoub Mahjoubi suspecté de promouvoir le terrorisme et des idées radicales, renvoyé en Tunisie le jeudi 23 février. Cette décision de créer un statut officiel pour les imams vise donc à mieux encadrer et intégrer la pratique de l’Islam en France, dans un contexte de vigilance accrue contre les risques d’abus. 

En France,  de nombreux imams travaillent bénévolement. Beaucoup travaillent à côté et se rendent disponibles pour la prêche du vendredi, quand d’autres doivent se satisfaire d’un statut précaire. « Il reste un gros effort à fournir pour que les croyants de France aient des cadres religieux mieux formés, dignement rémunérés et pleinement insérés dans la société française », a affirmé Gérald Darmanin, qui estime qu’il faut « renforcer l’offre de formation en France, dans sa dimension théologique et profane, ce qui n’est pas le rôle de l’État ».

En finir avec les imams détachés

Depuis le 1er janvier, la France ne veut plus accueillir d’imams détachés, à savoir envoyés par l’étranger. Le locataire de la place Beauvau entend donc continuer sur cette lancée.  »Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura plus d’imams étrangers. Il pourra y avoir aussi des imams étrangers, à condition qu’ils soient directement employés comme salariés par un lieu de culte français, et non par une fédération, et à condition qu’ils parlent français, afin qu’ils s’insèrent dans la société française », a précisé Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur a précisé que les imams étrangers, actuellement en France dans le cadre d’un détachement, doivent modifier leur situation administrative avant le 1er avril s’ils souhaitent rester dans le pays. Pour cela, ils doivent être embauchés directement par un lieu de culte en France en tant que salariés, et non pas par une organisation fédérative. De plus, il est requis qu’ils maîtrisent la langue française et qu’ils démontrent leur capacité à s’intégrer dans la société française. Cette mesure s’inscrit dans le cadre des efforts pour assurer que les pratiques religieuses soient en adéquation avec les valeurs et normes de la société française.

Mieux sécuriser les lieux de cultes

En 2023, 242 faits recensés, « les actes antimusulmans ont augmenté de près 30 % »,a affirmé Gérald Darmanin, en précisant que « plus de la moitié » de ces faits ont été commis au cours des trois derniers mois, « ce qui montre que le conflit au Proche-Orient a des résonances évidentes sur notre sol ». En ce sens, il a formulé la promesse du doublement à un million d’euros par an des fonds alloués à la sécurisation des lieux de culte musulmans. « J’ai demandé aux préfets d’accompagner systématiquement les porteurs de projets ». 

 

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