Gérald Darmanin est très engagé dans la lutte contre le trafic de drogue. Initié à Marseille la semaine dernière, l’opération « Place nette XXL », a depuis été déployée dans d’autres grandes villes. Ainsi, le Nord, l’agglomération lyonnaise, Dijon (Côte-d’Or) et la région parisienne, notamment Sevran (Seine-Saint-Denis) et Colombes (Hauts-de-Seine), ont été le théâtre de nouvelles opérations.

850 personnes à interpeller

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« Nous avons un objectif de 850 personnes à interpeller », avait déclaré Gérald Darmanin lundi matin à Roubaix, soulignant qu’il souhaitait « démanteler des points de deal en intégralité », jusqu’aux « têtes de réseau ». Il a précisé que cette semaine, « 15.000 policiers, gendarmes et douaniers (sont) mobilisés ». A l’heure actuelle, 496 interpellations ont été réalisées, grâce à des mises sur écoute, entre autres. Gérald Darmanin l’assure, il y a « de très bonnes réponses pénales » et l’offensive est loin d’être terminée. Il a ainsi annoncé que d’autres opérations allaient être menées « dans plusieurs autres agglomérations dans les jours et les semaines qui viennent ».

« Soit nous lâchons le travail contre la drogue et alors nous sommes comme les Pays-Bas, comme la Belgique, parfois comme l’Espagne, comme d’autres pays d’Amérique du sud, aux mains des narcotrafiquants », soit « nous luttons contre une pieuvre dont on ne doit pas simplement couper les pattes mais atteindre la tête », a déclaré Darmanin, évoquant de récentes arrestations de trafiquants au Maroc et au Liban. Sur France 2, le ministre de l’Intérieur a évoqué les difficultés de l’ensemble des pays européens à lutter contre le trafic de drogue alors que 65 000 euros d’avoirs criminels, 2,5 kg de drogue et trois armes ont été saisis dans le Nord pendant que 80 individus ont été interpellés et placés en garde à vue depuis.

« On ne voit pas bien l’intérêt »

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Du côté de l’Association nationale de la place judiciaire (ANPJ) , l’opération anti-drogue n’est pas si bien accueillie. Un simple « affichage » selon l’un des membres de l’ANPJ. « Si c’est pour alimenter la statistique sans qu’il n’y ait de réponse pénale derrière, on ne voit pas bien l’intérêt », martèle-t-il dans les colonnes de 20 minutes. « On veut mettre du bleu sur la voie publique et ce serait une bonne chose si le nombre d’enquêteurs était corrélé. En plus, la réforme de la police a rajouté des strates administratives qui alourdissent les opérations autrefois plus fluides de la PJ », explique-t-il. « Démanteler un point de deal, c’est trois à six mois de travail pour comprendre comment il fonctionne, pour réunir les preuves et faire condamner les coupables. Cela nécessite une investigation en profondeur », rappelle-t-il. 

Autre inquiétude ? L’absence de réponse pénale par manque de preuves. « Le ministre veut rappeler que l’Etat peut aller partout, c’est bien et ça rassure la population. Mais on risque d’engorger les tribunaux avec des gens qui ne seront pas forcément condamnés par manque de preuves », confie le policier, toujours à 20 minutes. Le député LFI David Guiraud abonde en ce sens : « On est en train de leur demander de vider la mer avec une petite cuillère », a-t-il réagi, estimant que « le compte n’y (était) pas pour Roubaix » en matière d’effectifs « au niveau de la brigade des stups […] de la protection des mineurs, de la police judiciaire ».

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