Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté a incité les parents à faire preuve « d’autorité ». Elle les a sommées de fouiller dans les téléphones et les chambres des adolescents. Une idée mal reçue.

Le mardi 23 avril, dans l’émission Télématin, Sabrina Agresti-Roubache a choqué les internautes. Au cours d’un échange autour des relations entre les parents et les enfants, la secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté a conseillé, maladroitement, les parents. Son conseil ? Faire preuve de plus d’ « autorité ». Et pour ce faire, elle préconise de ne pas laisser de vie privée à son enfant. 

« Je me mêle »

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Pas de vie privée pour vos enfants ? Selon la secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté, cela va de soi. « Ce qui me frappe ces dernières années c’est de penser qu’un adolescent a une vie privée. Un adolescent est un mineur, donc les parents ont le droit de fouiller dans le téléphone, de chercher quelque chose dans la chambre », par exemple si on soupçonne un usage de stupéfiants. Pour appuyer son propos, elle ne manque pas de donner son propre exemple. « Non seulement je surveille, non seulement je me mêle, non seulement je protège et non seulement je sanctionne », abonde-t-elle. La secrétaire d’État ne lâche rien : « On a voulu démissionner les parents en disant : attention, ils ont le droit à avoir leur vie privée. Non ! ». 

Sur Internet, les internautes se sont dits choqués par de tels propos. « Un condensé de méchanceté et de bêtises », « les parents doivent protéger leurs enfants tout en garantissant leur droit à la vie privée. Il faut donc trouver un juste équilibre entre les deux », peut-on lire. Catherine Verdier, psychologue et psychothérapeute pour enfants et adolescents, explique au HuffPost que « les enfants ont déjà un espace privé qui leur est dédié, c’est leur chambre. Privé, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’ingérer ou y entrer, cela veut dire qu’on respecte son lieu. Et c’est la même chose pour l’espace psychique : on n’a pas à entrer ou violer cet espace-là sans l’accord de l’enfant ». 

Que dit la loi ?

Après sa sortie qui a fait grincer dents,  Sabrina Agresti-Roubache a tout de même nuancé . Même si la vie privée d’un adolescent ne devrait pas être respectée, elle considère que chacun « a droit à son petit jardin secret ». Mais un enfant a-t-il réellement des droits concernant sa vie privée ? Plusieurs textes de lois évoquent ce sujet épineux. L’article 16 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, garantit que  « nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation ». L’idée est donc de trouver un « juste équilibre » entre « contrôle parental et respect des droits des mineurs » comme l’a souligné la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). 

Un rapport de la Défenseure des droits, daté de 2022 demande à « préserver une sphère personnelle et intime dans le quotidien de l’enfant » dans le sens où le droit au respect de la vie privée participe « à sa construction en tant que personne et individu libre ». Dans tous les cas, selon Catherine Verdier, « il faut respecter la vie privée et l’intimité des enfants et des adolescents pour qu’ils apprennent la notion de consentement. Parce que, qu’est-ce qu’on leur apprend quand on viole leur intimité ? Que tout le monde est autorisé à entrer dans leur espace physique, personnel. Y compris plus tard, dans leur vie d’adulte, lors de leurs relations amoureuses, amicales, de travail ». 

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