Pourrir au lit. C’est ce que signifie « bed rotting ». La nouvelle tendance émanant des réseaux sociaux. L’idée ? Rester au lit, flâner, prendre du temps pour soi et se reconnecter avec soi-même. Plébiscitée par de nombreux influenceurs, cette pratique est aussi bénéfique que toxique. Si le lit est un espace réconfortant, s’y engouffrer peut avoir de véritables effets délétères sur notre santé.
Bed rotting ou dépression ?
Oui, prendre soin de soi est important. Il est bien sûr primordial de s’octroyer des moments de calme et de repos, surtout après une journée ou une semaine stressante. Ne rien faire est toujours une activité réconfortante quand elle ponctuelle. En effet, lorsque l’envie de rester dans son lit est trop importante, il se pourrait que la dépression pointe le bout de son nez. « Le bed rotting peut être un symptôme de la dépression, s’il est associé à d’autres signes comme la perte d’intérêt pour les activités qui sont habituellement agréables, explique Chantal Pironi, psychanalyste, au Parisien. Cela pourrait être le cas si une personne ne prend pas de plaisir à regarder sa série préférée par exemple ».
« Au bout d’un moment, le corps qui n’est pas en mouvement devient léthargique. On croit qu’on est fatigué, mais c’est une fausse impression de fatigue, une espèce de pesanteur, d’apathie qui va se créer. L’inertie, le fait de se recroqueviller sur soi, n’est pas non plus bonne pour le moral. Rester au lit pour rester au lit ça n’a aucun intérêt, car ça renforce le repli, le fait que je vais entretenir insidieusement ma déprime », expliquait d’ailleurs le psychologue Saverio Tomasella à Ouest-France.
Une activité nocive pour la santé
Au delà de la dépression, cette tendance n’aurait d’effet que de nous rendre davantage sédentaire. Et la sédentarité est très nocive pour la santé. « La sédentarité est un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles ainsi que la quatrième cause principale de décès prématurés dans le monde », comme l’indique l’OMS. la sédentarité entraîne ainsi une augmentation du risque de mortalité, de maladies cardiovasculaires, de cancers du côlon, du poumon et de l’endomètre, du diabète de type 2 et peut augmenter l’anxiété, la dépression et les troubles musculo-squelettiques », indique Santé publique France.
Cette habitude peut également avoir des conséquences négatives sur notre cycle de sommeil. Le corps humain fonctionne selon un rythme circadien, une horloge biologique qui régule notre cycle veille-sommeil. En restant au lit toute la journée, nous brouillons ces signaux naturels, ce qui rend plus difficile l’endormissement la nuit. Cette perturbation du rythme veille-sommeil peut entraîner une dérégulation hormonale, notamment dans la production de mélatonine, une hormone clé pour favoriser l’endormissement. De plus, le lit devient associé non seulement au sommeil, mais également à d’autres activités telles que regarder la télévision, travailler sur un ordinateur portable ou défiler sur un téléphone. Cela crée une confusion dans notre cerveau, qui n’associe plus automatiquement le lit au repos. Ainsi, s’endormir le soir peut devenir un véritable défi, car notre esprit n’est plus conditionné à percevoir le lit comme un endroit propice au sommeil. Pour préserver un cycle de sommeil sain, il est essentiel de réserver le lit uniquement au sommeil et d’adopter une routine régulière qui encourage le corps à maintenir un rythme circadien cohérent
« Le principe du sommeil est qu’il faut entrainer les rythmes circadiens, avec une période d’activité sans dormir, pour avoir une pression de sommeil suffisante le soir venu », a précisé le Pr Pierre Philip, Chef du service universitaire de sommeil du CHU de Bordeaux, dans les colonnes du Parisien.