Depuis vendredi, la ville de Seine-Saint-Denis, Sevran, est le théâtre de drames. En moins de quarante huit heures, trois personnes ont perdu la vie après avoir été la cible de coups de feu. Un déchainement de violence qui interpelle.
Que s’est-il passé ?
Dans la nuit du vendredi au samedi, un premier homme de 28 ans a perdu la vie, dans la quartier des Beaudottes et quatre personnes, âgées entre 22 et 29 ans, étaient gravement blessés. Ils ont été emmenés au centre hospitalier Robert-Ballanger à Aulnay-sous-Bois. Deux individus seraient arrivés sur un parking et auraient ouvert le feu. 25 douilles de 7.62, un calibre notamment utilisé pour les armes de type Kalachnikov, ont été retrouvées au sol, selon une source policière.Une enquête pour homicide volontaire en bande organisée et tentatives d’homicide volontaires en bande organisée a été ouverte par le parquet de Bobigny. Elle a été confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne.
Ce dimanche 5 mai, deux autres personnes ont été tuées. Deux hommes de 33 et 35 ans ont été abattus. Aux alentours de 18h10, les victimes se trouvaient près d’une aire de jeu lorsqu’un homme masqué est arrivé, d’après une source policière. Habillé intégralement en noir et portant un blouson en cuir, il a ouvert le feu à plusieurs reprises avec un pistolet sur Sofiane B., 35 ans, et Abderrahim B., 31 ans. L’un a été touché d’une balle en pleine tête, tandis que l’autre a reçu six balles. Tous deux sont décédés avant que les secours ne puissent intervenir. Après les tirs, le suspect a pris la fuite à pied. Selon les informations disponibles, les policiers ont découvert 18 douilles et un chargeur de pistolet automatique sur les lieux.
Des crimes liés au trafic de stupéfiants ?
Mais alors, pourquoi autant de crimes, en si peu de temps ? « On a de bonnes raisons de penser que les faits de ce (dimanche) soir ne sont pas complètement étrangers au trafic de stupéfiants », a indiqué le préfet de police, Laurent Nuñez, lors d’un point accordé à la presse. En effet, les deux victimes étaient déjà connues des services de police pour trafic de stupéfiants et violences. « Le déchaînement inouï de cette violence ne se produit pas par hasard. C’est le trafic, l’argent sale de l’économie de la drogue qui est responsable », a ainsi écrit Stéphane Blanchet, maire DVG de la ville, dans un communiqué. «On ne va pas se voiler la face : c’est forcément un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiants», a-t-il ajouté. «Il y a besoin de mettre de l’ordre et d’intervenir profondément pour éradiquer le trafic».
De son côté, le procureur de la République de Bobigny se montre plus prudent et a tenté de nuancer en évoquant une « hypothèse de travail ». Les suspects ont tous pris la fuite et sont toujours activement recherchés. Dans le même temps, un homme est mort et deux autres ont été blessés dans une fusillade survenue à Toulouse dans la nuit de vendredi à samedi, dans ce qui s’apparente «a priori à un règlement de comptes» sur fond de trafic de drogues, selon le parquet.
