Ce n’est plus une idée reçue. L’année 2023 a bel et bien été ébranlée par une « montée des crispations identitaires » et une « progression sensible » de l’antisémitisme et du rejet de l’immigration. C’est en tout cas le constat de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) dans une enquête annuelle, publiée ce jeudi 27 juin. Une sorte de baromètre du racisme, qui est sans appel.

Une majorité de Français pensent qu’il y a « trop d’immigrés »

Si la « France n’est pas globalement raciste, parce que l’indice de tolérance reste élevé », comme le précise Jean-Marie Burguburu, le président de la CNCDH, il existe un fléchissement de lindice de tolérance pour la seconde année consécutive. En effet, il est à plus de 60 sur une échelle de 0 à 100. Sur France inter, le président de la commission l’explique par une « montée des intolérances et aussi une libération de la parole ».  Pourtant, les résultats prouvent qu’une partie des Français se trouvent dans une certaine crise identitaire.

56 % de Français estiment qu’« il y a trop d’immigrés en France », et 51% qu’« aujourd’hui en France, on ne se sent plus chez soi comme avant ». Selon la CNCDH, ce rejet est « étroitement lié au rejet d’une France perçue comme étant de plus en plus multiculturelle ». Seuls 52% estiment « les étrangers devraient avoir les mêmes droits que les Français ». Les communautés les plus victimes de stigmates sont les Roms et les musulmans, de manière assez clivante puisque 32% ont une opinion positive quand 32% en ont une négative.

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L’antisémitisme plus présent à droite ou à gauche ?

Depuis plusieurs mois, il se murmure que l’antisémitisme gagne du terrain à gauche, et qu’il serait même favorisé par le parti de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, d’après les résultats de l’enquête, « les sympathisants d’extrême droite restent les plus enclins à se montrer d’accord avec ces préjugés antisémites traditionnels », chiffres à l’appui. Le rapport souligne que le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas semble « avoir eu un impact non négligeable » sur l’augmentation de l’antisémitisme, qui a atteint en 2023 « un niveau sans précédent ».

Il examine également le « vieil antisémitisme » en France, fondé sur des préjugés historiques, tels que l’idée selon laquelle « les Juifs ont un rapport particulier à l’argent », une croyance partagée par 37 % des sondés, ou le soupçon de « double allégeance des Français juifs ». Selon le document, « il existe de lantisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et dEELV notamment », mais à un niveau « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ».

Le ministère de lIntérieur a recensé 1 676 faits antisémites en 2023, « soit quatre fois plus quen 2022 », et au premier trimestre 2024 la hausse a atteint 300 %.

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