Ils étaient persuadés de fêter une immense victoire. Alors que le Rassemblement national sortait vainqueur du premier tour des législatives et était donné en tête au second tour par les sondages, il obtient moins de sièges que le camp Macron. Et laisse la victoire au front populaire. Un retournement de situation inattendue.
« Les Français ont cédé à la manipulation »
Du côté des militants, la défaite est dur à accepter. « Il y a beaucoup de déception, bien sûr, on espérait plus de sièges. Mais on a vu des partis de tous bords s’allier simplement pour nous empêcher d’être au pouvoir », déplore Luna, à.20 minutes. « On continue quand même de progresser. Et j’espère qu’en 2027 (pour la présidentielle), le barrage anti-RN finira par tomber », dit-elle. « Les Français ont cédé à la manipulation, pendant une semaine on nous a fait croire que c’était le retour du nazisme du fascisme, il n’y a pas eu de débat sur le fond et malheureusement ce soir ça n’est pas la raison, c’est plus les émotions qui ont gagné contre nous », explique un autre militant à BFMTV.
Une majorité des militants RN dénonce ainsi les désistements de plusieurs députés de l’alliance de gauche dans les différentes circonscription pour faire barrage à l’extrême droite. Eric Ciotti, pour sa part, a décidé de parler d’un « coup d’état démocratique », ce lundi matin sur X. « On s’attendait à beaucoup plus, tous les sondages le disaient, tous ces barrages, ces désistements, ne répondent pas à l’aspiration réelle du peuple français », note un militant au micro de BFMTV. D’autres tentent de comprendre pourquoi l’idée que le Rassemblement national est encore l’apanage de la politique de Jean-Maire Le Pen persiste. « C’est fini les choses Le Pen de l’époque, tout de suite le racisme, le racisme, le racisme, je ne suis pas quelqu’un de raciste et j’ai voté le RN »
Entre 120 et 152 députés
Si la déception est immense, Jordan Bardella ne s’avoue pas vaincu. Le RN « réalise aujourd’hui la percée la plus importante de son histoire. Rien ne peut arrêter un peuple qui s’est remis à espérer », a-t-il abondé dimanche soir. « On ne va pas se mentir, il y a une certaine tristesse. On avait beaucoup d’espérance au premier tour. Mais on a fait face à un parti unique de l’extrême gauche à Wauquiez, dans le seul but de faire taire la voix des Français », s’est agacée Mathilde Androuët, eurodéputée RN et membre du bureau national. « Je ne mets pas sur le même plan les horreurs de certains qu’on a pu découvrir et les maladresses. Mais certains profils n’étaient pas prêts pour cette campagne extrêmement violente contre nous… », a-t-elle affirmé, faisant références aux nombreuses casseroles des candidats.
« On voyait Bardella à Matignon, c’est raté. Mais ce n’est pas si mauvais pour nous, nous avons progressé et cette coalition improbable nous fera encore avancer », se rassure Dominique Fouilland, le responsable parisien du RN. La progression est évidente. Le parti de Jordan Bardella obtient entre 120 et 152 sièges, contre 89 jusqu’alors. Malgré ce revers, certains anticipent déjà les municipales de 2026, la présidentielle de 2027, et même une possible dissolution dans un an.