Il fait les gros titres depuis vendredi. L’abbé Pierre est accusé par 17 femmes de diverses agressions sexuelles. Au début de l’été, Henri Grouès avait déjà été incriminé de plusieurs atteintes sexuelles sur 7 personnes
Des agressions entre 1950 et 2005
« La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire. » 17 ans après son décès, les langues commencent à se délier. L’abbé Pierre, glorifié avec de nombreuses productions cinématographiques en raison de son combat mené face à la misère, est aujourd’hui accusé de diverses agressions sexuelles commises entre 1950 et 2005. En juillet dernier, un premier rapport d’Emmaüs, mouvement qu’il a cofondé, faisait état de 7 témoignages de femmes qui rapportaient avoir subi des attouchements répétés à la poitrine par Henri Grouès. Ces dernières parlaient d’une « emprise psychologique » d’un homme qui agissait lorsqu’il était seul. En fin de semaine, un autre rapport incluant 17 nouveaux témoignages a été rendu public. L’une des plaignantes déclare « J’[ai] dû assister à des masturbations de l’abbé Pierre et [ai] été forcée à réaliser des fellations. (…) L’abbé Pierre [m’a] également fouettée ou se fouettait devant [moi] avec une ceinture. » L’un des témoignages est celui d’une enfant âgé de 8 à 9 ans au moment des faits et qui parle de « contacts sur son torse, de baiser forcé. »
La fondation Abbé Pierre va changer de nom
L’affaire commence à faire grand bruit au sein du milieu associatif dont il était l’instigateur autant que dans le milieu religieux. La sœur, Véronique Margron, qui avait accueilli le premier témoignage d’agression commis par l’homme d’Église, évoquait ce samedi ne ressentir « que de l’effroi, une peine sans fond, de la colère et du dégoût. Mais à force d’entendre des victimes, de lire leurs histoires, on ne peut que craindre qu’il y ait toujours d’autres victimes. » La présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, répertoriant notamment les abus sexuels en France, a poursuivi en s’interrogeant sur le contexte régnant autour de l’abbé Pierre, « Comment un homme aussi public a pu, durant plus de cinquante ans, sévir sans être inquiété ? C’était forcément au vu et au su de nombreuses personnes. […] Personne n’a rien empêché. Je pense que son « aura » a multiplié le laisser-faire […] Il y a forcément des dizaines de personnes qui ont vu. Et n’ont rien dit. » Tandis que la fondation Abbé Pierre a décidé de changer de nom, que le lieu de mémoire d’Estreville créé en son honneur allait fermer et qu’une enquête sur les dysfonctionnement ayant permis au Castor méditatif de commettre ses agressions allait s’ouvrir, d’autres langues vont-elles finir par se délier ?