Lors du Conseil des ministres du 15 octobre, Emmanuel Macron a rappelé que l’État d’Israël avait été créé suite à une décision de l’ONU , en référence à la Résolution 181 de 1947. Ce plan, adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies, prévoyait la création de deux États en Palestine, l’un juif et l’autre arabe. Macron a appelé Benyamin Netanyahou à ne pas « s’affranchir des décisions de l’ONU » , en lien avec les opérations militaires en cours au Liban. Cependant, cette déclaration n’a pas tardé à provoquer une réaction ferme du Premier ministre israélien. Netanyahou a souligné que la création d’Israël est avant tout le résultat de la guerre d’indépendance de 1948 , marqué par le sacrifice des combattants israéliens, dont de nombreux survivants de la Shoah. Selon lui, ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a créé Israël, mais le combat héroïque des soldats pour l’indépendance de leur pays. En évoquant l’ONU, Netanyahou a également évoqué ce qu’il considère comme des décisions « antisémites » prises par l’organisation à la rencontre d’Israël au fil des années.
Casques bleus au Liban : une situation de plus en plus délicate
En plus des désaccords sur l’histoire, la sécurité des Casques bleus de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) est un autre sujet de friction entre Paris et Tel-Aviv. Les tensions se sont intensifiées après que des Casques bleus français ont été blessés par des tirs israéliens dans le sud du Liban. Emmanuel Macron a qualifié de « tout à fait inacceptable » ces attaques délibérées visant des forces onusiennes, qui comptent dans leurs rangs 700 soldats français. Israël mène actuellement des opérations militaires contre le Hezbollah dans cette région, et Benyamin Netanyahou a répondu en affirmant que le Hezbollah utilisait les positions de la FINUL comme couverture pour ses attaques contre Israël. Selon lui, cette situation justifie les actions israéliennes, même si elles mettent en danger les Casques bleus. Netanyahou a également demandé au secrétaire général de l’ONU de mettre ces forces à l’abri pour éviter d’autres incidents.
Malgré ces justifications, les actions militaires israéliennes dans les zones où sont déployés des Casques bleus ont provoqué l’inquiétude de la France et d’autres pays membres de l’ONU, qui craignent une escalade des tensions dans une région déjà volatile. Le gouvernement français a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat au Liban pour éviter que la situation ne s’aggrave davantage.
Le CRIF réagit
Les propositions d’Emmanuel Macron n’ont pas seulement suscité une réaction en Israël. En France, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) , par la voix de son président Yonathan Arfi , a lui aussi exprimé son inquiétude. Selon Arfi, laisser entendre que l’existence d’Israël est uniquement due à une décision de l’ONU relevant d’une faute historique et politique . Il a souligné l’importance du sionisme et du sacrifice de milliers de personnes dans la construction de cet État. Le CRIF a également mis en garde contre le contexte dans lequel ces propos ont été tenus, à une époque où l’antisionisme sert parfois de base à des actes antisémites . Selon Yonathan Arfi, cette perception pourrait alimenter du discours remettant en cause la légitimité même de l’État d’Israël.
Malgré cette polémique, le président du CRIF a affirmé son espoir que les liens historiques entre la France et Israël ne soient pas affectés durablement par ces déclarations. Cependant, ce différend met en lumière la sensibilité autour de l’histoire d’Israël et des tensions récurrentes sur la scène internationale. Cette controverse entre Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou intervient dans un contexte de tensions accumulées entre la France et Israël, notamment à cause des divergences sur les exportations d’armes vers Israël et les offensives militaires en Palestine et au Liban. Si les deux pays ont des liens historiques forts, cet échange met en lumière les défis liés à la reconnaissance historique et au respect des résolutions internationales . La relation entre la France et Israël, bien que solide, montre ici ses limites face aux questions complexes de la légitimité historique et politique.