Hors norme. Ce procès était très attendu parmi les victimes, dont les clubs de football de Sochaux, Angers et de Toulouse. « Carton rouge s’ouvre ainsi ce lundi 21 octobre en Meurthe-et-Moselle. Il s’agit d’une gigantesque arnaque aux crypto-monnaies et aux diamants. Le préjudice est estimé à 28 millions d’euros pour près de mille victimes. Parce que le nombre de victimes est trop important, le procès se déroule au Centre des congrès de la cité lorraine. Pendant un mois, 22 personnes âgées entre 28 et 73 ans, comparaîtront.

Placement dans les diamants : David Pujadas comme appât

1 300 personnes sont tombées dans le panneau. Entre 2016 et 2018, ils ont fait confiance à des sites internet qui proposaient des investissements de diamants ou dans les crypto-monnaies, grâce à des scénarios parfaitement rodés. Michèle Plachez, retraitée niçoise de 76 ans, a été l’une des 1 300 victimes. Comment ? Grâce à une vidéo de David Pujadas, diffusée sur Facebook. Le présentateur y vantait les mérites des placements dans les diamants. « Il disait que c’était le moment opportun d’investir », se rappelle-t-elle dans les colonnes de Nice Matin. « David Pujadas, cela m’a paru crédible et inspiré confiance. Puis la personne que j’ai eue au téléphone m’a briefée sur les garanties, m’a envoyé une documentation sur la valeur des diamants en question. Au départ j’étais partie sur une petite somme, il m’a dit que pour faire un bon coup, il fallait mettre plus. J’ai accepté ». 

Michèle, a investi 15 000 euros avant de comprendre qu’il s’agit d’une sombre escroquerie. « C’est de l’argent que j’ai eu du mal à gagner, je devais changer ma voiture et je ne peux plus. Je me suis laissée embobiner pour gagner trois sous. À cette somme perdue se sont greffés les frais d’avocats. J’en avais gros sur la patate, car j’ai d’autres ennuis familiaux, et cet argent me fait défaut », confie-t-elle, amère. Ce procès est son unique espoir de retrouver tout ou partie de la somme placée. 

« Les économies d’une vie »

Si certaines personnes n’ont pas placé beaucoup d’argent, d’autres se sont laissés embarquer dans un cercle vicieux. Un médecin parisien qui a investi 300 000 euros dans des diamants contre un supposé taux d’intérêt dépassant les 10% et un couple d’agriculteur à la retraite a donné près de 70 000 euros, une somme qui constituait « les économies d’une vie », comme il l’a confié à France Info. « Ils ont misé 5 000 euros », explique Me Karine Laprevotte à France Info. « Puis, ils ont été relancés en leur disant qu’ils faisaient partie des meilleurs clients, donc c’est un discours qui vous flatte. À un moment, mon client me dit même qu’il trouve la personne très insistante, voire agressive avec lui et qu’il aurait dû s’apercevoir à ce moment-là de la supercherie, mais en fait, il plonge dedans. Il se dit : ‘il a raison, il est en train de s’énerver parce que j’ai raté l’affaire du siècle’, donc je remets encore de l’argent dans cette escroquerie ». Il n’en fallait pas plus pour qu’il bascule de l’autre côté de la supercherie. 

Le sentiment de honte domine chez les victimes, qu’il s’agisse de particuliers ou de grandes organisations. Parmi ces victimes, plusieurs clubs de football français ont été pris au piège, notamment Sochaux, Angers et Toulouse, qui évoluaient en Ligue 1 et 2 entre 2017 et 2018. Ces clubs ont été escroqués par de faux agents de joueurs, provoquant des pertes estimées à plusieurs dizaines de milliers d’euros. En se faisant passer pour des intermédiaires, les escrocs, basés à Marseille et en Israël, ont réussi à détourner une partie des salaires des footballeurs en prétendant que ces derniers avaient changé de coordonnées bancaires.

Un réseau criminel puissant

L’enquête, qui a débuté en 2017 à la suite des plaintes des clubs de football, a révélé un réseau criminel bien plus large. Outre les escroqueries visant le monde du football, les malfaiteurs se sont également tournés vers des particuliers, attirant leurs victimes par le biais de faux investissements en diamants et cryptomonnaies. L’argent volé transitait par des comptes bancaires ouverts dans plusieurs pays européens avant de disparaître dans des circuits financiers complexes, principalement vers l’Est de l’Europe. Au total, 25 personnes sont mises en cause dans cette affaire, dont certaines pour avoir joué un rôle d’intermédiaire ou de prête-nom dans l’organisation.

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