À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé des mesures phares, comme le remboursement de kits de détection de soumission chimique et la généralisation du dépôt de plainte à l’hôpital.
Des mesures centrées sur la soumission chimique et l'accompagnement des victimes
Lors d’une visite à la Maison des femmes de l’Hôtel-Dieu à Paris, Michel Barnier a mis en lumière la problématique de la soumission chimique, particulièrement médiatisée avec le procès des violations de Mazan. Pour répondre à cette menace, il a annoncé le remboursement de kits individuels permettant de détecter les substances facilitant les agressions. Ce dispositif sera expérimenté dans plusieurs départements, accompagné d’une campagne nationale de sensibilisation en partenariat avec l’association M’endors pas et le Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (Crafs).
Autre mesure phare : l’élargissement du dispositif permettant aux femmes de porter plainte directement à l’hôpital. D’ici 2025, 377 établissements, dotés d’un service d’urgence ou gynécologique, seront équipés pour recevoir ces plaintes, facilitant ainsi l’accès à la justice pour des femmes souvent en grande détresse. Michel Barnier a également annoncé une augmentation significative de l’aide universelle d’urgence, une aide financière rapide et essentielle pour les femmes quittant un domicile violent. Ce fonds passera de 13 à 20 millions d’euros en 2025, permettant de mieux accompagner les victimes. Enfin, d’ici à la fin de l’année 2025, chaque département devra être doté d’une Maison des femmes, un espace dédié à l’accueil et au soutien des victimes.
Des annonces prometteuses mais insuffisantes pour les associations
Malgré ces efforts, les associations féministes jugent les mesures insuffisantes au regard de l’ampleur des violences faites aux femmes. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Les chiffres sont accablants : 33 000 femmes ont bénéficié de l’aide universelle d’urgence depuis sa création, mais les besoins restent immenses. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, a salué les mesures limitées mais regretté leur portée : « Ne pas profiter de l’attention actuelle, notamment autour du procès de Mazan, pour faire de grandes avancées, c’est une occasion manquée. » Elle a également rappelé que la généralisation du dépôt de plainte à l’hôpital, annoncée en 2019, n’a toujours pas été mise en œuvre.
Les associations demandent une véritable loi-cadre et un budget annuel de 2,6 milliards d’euros pour répondre à l’ampleur des besoins. À ce jour, le budget dédié à l’égalité femmes-hommes a été porté à 85,1 millions d’euros en 2025, une augmentation de 7,7 millions qui reste très en deçà des attentes. La Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) alerte également sur le risque de fermeture de certaines structures d’aide, faute de financements suffisants. Si les annonces de Michel Barnier marquent un pas dans la bonne direction, les associations rappellent que seule une réponse globale et ambitieuse pourra réellement changer la donne pour les femmes victimes de violences.