Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a révélé dimanche 7 janvier son projet ambitieux : isoler les « cent plus gros narcotrafiquants » dans une prison spécialement dédiée, d’ici l’été prochain. Cette mesure radicale vise à frapper au cœur du narcotrafic, un fléau que le ministre qualifie de « menace majeure pour la sécurité intérieure ».
Une prison vide, des criminels isolés : le plan Darmanin
Intervenant sur LCI, Gérald Darmanin a exposé les contours de ce projet inédit. « Nous allons prendre une prison française, la vider de ses occupants actuels, et y placer exclusivement les cent plus gros narcotrafiquants. Ce sera une prison totalement isolée, entièrement sécurisée, avec des agents pénitentiaires formés et anonymisés », at-il expliqué. L’objectif est clair : mettre fin aux activités criminelles qui se poursuivent souvent depuis les cellules. Le ministre ne cache pas son ambition de créer une institution modèle. « On va montrer que, quand on est en prison et qu’on est un narcotrafiquant, on ne peut pas téléphoner ni avoir une vie agréable. »
Darmanin a dressé un constat glaçant : malgré leur incarcération, les trafiquants continuent de diriger leurs réseaux depuis leur cellule, grâce à des téléphones portables, des menaces, ou encore des drones de livraison. Ces pratiques mettent en lumière la « puissance financière énorme » des narcotrafiquants, capable même de corrompre certains agents pénitentiaires. Pour le ministre, l’heure est venue de revoir entièrement le système. « Aujourd’hui, on mélange tous les détenus : des criminels, des terroristes, des trafiquants, des agresseurs. Or, ils ne représentent pas le même niveau de dangerosité. Il faut adapter la sécurité en conséquence. » Il promet une stratégie plus rigoureuse, en s’inspirant des succès obtenus dans la lutte contre le terrorisme.
Une approche musclée mais interrogée
Le ministre a également mis en lumière les enjeux sécuritaires liés à ces criminels, qui continuent à menacer les juges, les avocats et les journalistes. Il dénonce une situation intenable où « les prisons ne sont plus une entrave, mais parfois un poste avancé pour continuer leurs activités. » Pour concrétiser ce projet, Gérald Darmanin affirme ne pas avoir besoin d’une nouvelle loi, seulement de « volonté » et d’un « peu d’argent ». Une affirmation qui en dit longtemps sur l’urgence de la situation.
L’annonce de cette prison d’élite a suscité des débats. Si certains saluent l’idée d’une répression accrue contre les narcotrafiquants, d’autres s’inquiètent des effets secondaires possibles : une radicalisation accumulée ou des tensions avec les défenseurs des droits humains. Pour Darmanin, le message est sans équivoque : « Nous devons tout changer dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. » À l’approche de l’été, tous les yeux seront tournés vers l’exécution de ce plan, qui pourrait redéfinir les méthodes françaises de lutte contre le narcotrafic.
Avec cette promesse spectaculaire, le ministre de la Justice place la barre haut. L’enjeu n’est pas seulement de neutraliser les narcotrafiquants, mais aussi de restaurer la crédibilité du système pénitentiaire. Une mission à haut risque, mais dont l’efficacité sera scrutée de près par les citoyens et les experts en sécurité.