Ce jeudi 30 janvier, il sera extrait de sa cellule pour être interrogé au pôle « cold cases » du tribunal judiciaire de Nanterre. Cette convocation concerne deux affaires criminelles non élucidées des années 1990, dans lesquelles il est mis en examen. Ce nouvel épisode judiciaire pourrait permettre d’éclaircir des dossiers restés longtemps sans réponse et d’apporter une forme de justice aux victimes et à leurs familles.

Deux affaires anciennes qui refont surface

Les deux dossiers sur lesquels enquête le pôle « cold cases » ont été rouverts en septembre 2022 grâce à de nouveaux éléments, notamment des analyses ADN. La première affaire concerne le meurtre suivi de viol de Sophie Narme, une agente immobilière de 23 ans, tuée à Paris en décembre 1991. Retrouvée morte à son domicile, elle présentait des signes évidents d’agression sexuelle et de violences extrêmes. À l’époque, malgré des investigations poussées, aucune piste n’avait permis d’identifier un suspect formel.

Le second dossier concerne une tentative de viol avec arme sur une jeune femme de 19 ans, prénommée « Marion » dans le dossier judiciaire, survenue le 11 mai 1999 à Villeparisis, en Seine-et-Marne. Cette affaire a connu un tournant décisif lorsque les enquêteurs ont comparé l’ADN relevé sur les lieux avec les bases de données criminelles. Le résultat a permis d’établir une correspondance avec celui de Dominique Pelicot, déjà fiché pour d’autres crimes sexuels. Face à ces nouvelles preuves, Dominique Pelicot a reconnu une partie des faits concernant l’agression de 1999, sans toutefois assumer l’intégralité des violences subies par la victime. En revanche, il continue de nier toute implication dans le meurtre de Sophie Narme.

Un criminel au parcours judiciaire lourd

Dominique Pelicot n’en est pas à sa première confrontation avec la justice. Son nom est tristement associé à l’affaire des viols de Mazan, un procès marquant qui s’est déroulé en 2023. Il a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour avoir drogué son épouse, Gisèle Pelicot, et l’avoir livrée à des dizaines d’hommes pour des abus sexuels répétés. Ce crime d’une rare cruauté avait profondément choqué l’opinion publique et mis en lumière la responsabilité de plusieurs complices. Si Dominique Pelicot a choisi de ne pas faire appel de cette condamnation, quatorze des cinquante hommes reconnus coupables de viols sur Gisèle Pelicot ont, eux, décidé de contester leur peine. Un second procès devrait donc avoir lieu dans les mois à venir.

Cette série de crimes et d’agressions en fait un individu particulièrement surveillé par les autorités judiciaires. L’interrogatoire de jeudi pourrait non seulement apporter de nouveaux éléments de réponse dans les affaires non élucidées, mais aussi aider à retracer le véritable parcours criminel de cet homme.

Une étape clé pour la justice et les familles des victimes

L’audition de Dominique Pelicot au pôle « cold cases » de Nanterre est une étape cruciale pour ces deux affaires. Pour la famille de Sophie Narme, qui réclame justice depuis plus de trois décennies, l’interrogatoire de l’homme qui pourrait être son meurtrier est un espoir de réponses après des années d’incertitude. De son côté, « Marion », la survivante de l’agression de 1999, espère voir son agresseur être pleinement reconnu coupable des faits qu’il a partiellement admis. Son témoignage pourrait jouer un rôle décisif dans la reconstitution des événements et dans l’issue judiciaire du dossier.

Dans les prochains jours, les juges d’instruction devront décider de la suite à donner à ces enquêtes. Si les preuves accumulées sont jugées suffisantes, Dominique Pelicot pourrait être renvoyé devant une cour d’assises pour répondre de ces nouveaux crimes. À l’inverse, en l’absence d’éléments supplémentaires, les affaires pourraient rester en suspens, comme tant d’autres « cold cases » qui hantent encore les archives de la justice française.

L’issue de cette audition pourrait donc être déterminante. Alors que la justice française met de plus en plus l’accent sur la résolution des affaires non élucidées, ce nouvel interrogatoire marque peut-être un tournant dans des enquêtes vieilles de plus de vingt ans.

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