Ce praticien, qui a exercé dans la commune de Domont pendant plusieurs décennies, est soupçonné d’avoir utilisé son statut de médecin pour imposer des actes à caractère sexuel sous prétexte d’examens médicaux.

C’est un procès hors du commun qui s’ouvre dans le Val-d’Oise. Un gynécologue à la retraite, accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement 112 patientes, va enfin être jugé après des années d’enquête et de lutte judiciaire. Pour les victimes, ce procès représente une chance inespérée d’obtenir justice après des années de souffrance et de silence.

Des abus systématiques sous couvert de soins médicaux

L’affaire débute en 2014 lorsqu’une patiente brise le silence et porte plainte contre son gynécologue pour des gestes qu’elle juge déplacés. Elle décrit des attouchements inappropriés, des actes intrusifs pratiqués sans justification médicale et sans consentement, sous couvert d’une prétendue méthode de soins. D’autres femmes prennent alors la parole, révélant un schéma d’abus récurrent, où le médecin aurait profité de sa position d’autorité pour commettre des actes criminels à l’abri de son cabinet. L’enquête, qui durera plusieurs années, met au jour un mode opératoire pervers et systématique. Le praticien expliquait à ses patientes qu’il pratiquait une « méthode asiatique » douce, justifiant ainsi des gestes qui n’avaient rien de médical. Mais derrière ce discours, une véritable mécanique de prédation se dessinait.

« Ce que nous avons vécu ne relève pas de la médecine, mais de l’abus de pouvoir », témoigne une victime dans Le Parisien. « On ne remet pas en question un médecin, surtout dans un domaine aussi intime que la gynécologie. Mais il a profité de cette confiance pour nous violer, en toute impunité. » Les faits s’étalent sur plus de trois décennies. Certaines victimes avaient à peine 18 ans lorsqu’elles ont consulté ce gynécologue. Aujourd’hui, elles espèrent que le silence sera définitivement brisé et que justice leur sera rendue.

Un scandale qui révèle les failles de la protection des patientes

Le procès du gynécologue de Domont est l’un des plus grands jugés en France pour violences sexuelles en milieu médical. Il rappelle d’autres affaires similaires, notamment celle de Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien reconnu coupable de viols sur plusieurs centaines d’enfants et de patientes. Ces scandales mettent en évidence les failles du système de contrôle des professions médicales, où des abus peuvent perdurer pendant des années sans être détectés. En effet, malgré la multiplication des témoignages et des signalements, aucune alerte n’a été déclenchée pendant toute la carrière du médecin. Aucune instance n’a jugé nécessaire de s’interroger sur des comportements pourtant dénoncés dès 2014. Pour les associations de défense des victimes, ce silence institutionnel est inacceptable.

« Nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles ces plaintes ont mis tant de temps à être entendues », souligne une avocate des parties civiles citée par Le Monde. « Trop souvent, la parole des patientes est minimisée ou remise en cause. Ce procès doit permettre de rappeler que l’abus de confiance en milieu médical est un crime et qu’il doit être sanctionné comme tel.» Le gynécologue, aujourd’hui âgé et à la retraite, nie toujours les accusations qui pèsent contre lui. Pourtant, les expertises médicales et les témoignages convergent pour établir que les gestes pratiqués par ce médecin n’avaient aucune justification médicale et relevaient bien d’actes délictueux.

Un procès symbole de la lutte contre les violences sexuelles en milieu médical

L’enjeu de ce procès dépasse largement le cadre du Val-d’Oise. Il est perçu par de nombreuses victimes et militants comme un moment clé pour la reconnaissance et la lutte contre les violences sexuelles dans le milieu médical. Le verdict sera scruté avec attention, d’autant que la justice française a longtemps été accusée de laxisme dans les affaires d’abus commis par des médecins. Un jugement trop clément enverrait un signal inquiétant aux victimes et aux professionnels de santé. Ce procès pose également la question de la formation des médecins et des contrôles dans les pratiques médicales, notamment en gynécologie, où la relation de confiance entre praticien et patiente est essentielle et peut être exploitée par des prédateurs.

« Il est urgent de mettre en place des mécanismes de signalement plus efficaces et de sensibiliser le corps médical à ces questions », insiste une représentante de l’association Stop Violences Sexuelles. « On ne peut pas laisser des patientes livrées à elles-mêmes face à des abus de ce type. Ce procès doit marquer un tournant. » Alors que 112 femmes attendent enfin justice, le verdict de ce procès historique pourrait bien faire jurisprudence. Une condamnation exemplaire enverrait un message fort : les violences sexuelles, même commises sous couvert de la médecine, ne resteront plus impunies.

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner
Exit mobile version