Vives tensions entre l’eurodéputé Raphaël Glucksmann et la Maison Blanche qui ne parviennent décidément pas à s’entendre. Lors du congrès de son parti, qui s’est tenu le dimanche 16 mars, le président de Place publique ne s’est pas montré tendre envers l’Amérique de Trump et plus particulièrement les « Américains qui ont choisi de basculer du côté des tyrans ». Et pour appuyer son mécontentement, le chef de file n’y est pas allé par quatre chemins. « Rendez-nous la statue de la Liberté », a-t-il asséné. « On vous en a fait cadeau, mais apparemment vous la méprisez. Alors elle sera très bien ici chez nous ».
Loin d’en avoir fini, Raphaël a rappelé que la France a simplement hérité de la version miniature, au pont de Grenelle. « On veut la grande et on veut le poème qu’il y a écrit en dessous : « Cet appel à tous les persécutés, aux libres penseurs qui leur promettait une terre ouverte, d’accueil » », a-t-il continué. Pour Raphaël Glucksmann, « cette terre cesse d’être ce qu’elle avait été ». En revanche, « nous serons, nous, cette terre ferme pour les amoureux de la liberté ». Une déclaration qui n’est pas passée inaperçue outre-Atlantique.
« C’est grâce aux États-Unis que les Français ne parlent pas allemand aujourd’hui »
Ces propos n’ont pas tardé à faire réagir Washington. Ce lundi, Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, a répondu avec fermeté. « C’est grâce aux États-Unis que les Français ne parlent pas allemand aujourd’hui », a-t-elle asséné, avant de qualifier Glucksmann de « politicien français de seconde zone ». Elle a poursuivi en rappelant que la France devrait être « reconnaissante » envers les États-Unis pour leur rôle dans la libération du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Une manière de réaffirmer la contribution américaine aux combats pour la liberté, en opposition aux critiques de l’eurodéputé français.
Si la déclaration de Raphaël Glucksmann a suscité une telle réaction, c’est qu’elle s’inscrit dans un contexte de tensions accrues entre l’Europe et les États-Unis sur des questions géopolitiques et idéologiques. L’eurodéputé socialiste a également critiqué ce qu’il considère comme un « désengagement américain en matière de recherche scientifique », accusant les États-Unis de faire fuir leurs meilleurs chercheurs. « Si vous voulez virer tous les gens qui, par leur liberté et leur sens de l’innovation, ont fait de votre pays la première puissance mondiale, nous, nous allons les accueillir », a-t-il déclaré. Au-delà de la polémique autour de la statue de la Liberté, Glucksmann s’est aussi attaqué au « fan club de Trump et de Musk » en France, dénonçant ce qu’il perçoit comme une montée des influences ultra conservatrices dans le débat politique.
Des réactions contrastées en France
Les propos de Raphaël Glucksmann et la réponse cinglante de la Maison Blanche ont rapidement suscité de vives réactions en France. Si certains soutiennent la critique de l’eurodéputé sur le positionnement américain, d’autres dénoncent une posture exagérée et inopportune. Le journaliste Geoffroy Lejeune a notamment fustigé le discours de Glucksmann, estimant qu’il était déplacé de parler du symbole de la liberté offert par la France aux États-Unis. « Il est grotesque de parler de la statue de la Liberté quelques semaines après que J.D. Vance a expliqué qu’on n’avait plus de liberté d’expression en Europe », a-t-il déclaré sur CNews, en référence aux propos du sénateur américain proche de Donald Trump, qui avait dénoncé une censure grandissante sur le Vieux Continent.
À droite, des responsables des Républicains ont dénoncé une « posture anti-américaine déplacée », estimant que Glucksmann cherchait avant tout à se positionner pour les élections européennes. Bruno Retailleau a fustigé un « populisme anti-occidental » tandis qu’Éric Ciotti a qualifié ses propos de « provocation stérile ».D’autres voix, principalement à gauche, ont soutenu la déclaration de Raphaël Glucksmann, estimant que la politique américaine actuelle s’éloigne des valeurs démocratiques qu’elle prétend incarner.