Depuis le début de son procès, Gérard Depardieu clame son innocence. À 76 ans, le monstre sacré du cinéma français rejette les accusations d’agressions sexuelles qui lui sont reprochées par trois femmes : Sarah, Engela W. et Amélie, anciennes membres de l’équipe technique du film Les Volets verts, tourné en 2021.
Des témoignages accablants
Mercredi 26 mars, l’acteur a livré à la barre une défense confuse. « Je suis vulgaire, grossier, ordurier, je veux bien ! Mais je ne suis pas que ça ! Je respecte les gens ! Je ne touche pas », a-t-il déclaré, selon les propos rapportés par Le Monde. Interrogé sur les accusations de Sarah, qui l’accuse d’avoir posé sa main sur ses fesses, il a nié : « Je l’ai peut-être frôlée avec le dos dans le couloir, mais je ne l’ai pas touchée. » Sarah, 34 ans, assistante réalisatrice, affirme avoir été agressée sexuellement à trois reprises par l’acteur. Elle raconte avoir dit « non » à deux de ces gestes, et avoir été ensuite humiliée, traitée de « balance » et de « folle » par Depardieu. Sa responsable de production aurait contacté la production pour exiger des excuses. L’acteur s’est excusé « de façon assez énervée », selon elle, avant de refuser de travailler avec elle.
Engela W., troisième assistante réalisatrice, accuse quant à elle Gérard Depardieu de lui avoir « posé la main sur les fesses » un soir de tournage. L’acteur se défend en affirmant qu’il n’est « jamais seul » sur un plateau. Mais la jeune femme insiste, décrivant « un environnement pas sain » installé par l’acteur, qui « parle de sexe à longueur de journée. De ‘chatte’, tout le temps. On n’écoute même plus ce qu’il dit. » Elle dit avoir ressenti « l’impression d’avoir fait quelque chose de mal », et espère simplement « qu’on arrête de minimiser les faits ». Amélie, la troisième plaignante, a été décrite par une assistante réalisatrice comme ayant été « coincée entre les jambes de Gérard Depardieu » dans un couloir. « Mon cerveau a buggé », a-t-elle confié à la barre, selon franceinfo. Amélie n’a pas encore témoigné directement, mais son cas est inclus dans l’accusation.
Fanny Ardant à la rescousse
C’est un soutien qui n’est pas passé inaperçu. Fanny Ardant, amie de longue date de Gérard Depardieu, a témoigné en faveur de l’acteur, affirmant n’avoir jamais vu de gestes déplacés de sa part sur le tournage. « Je suis une femme, j’ai connu des choses comme ça. Je sais qu’on peut dire non à Gérard », a-t-elle lancé devant le tribunal correctionnel de Paris, comme le rapporte Le Monde.
Dans une déclaration empreinte d’ambivalence, elle a toutefois reconnu les bouleversements sociétaux en cours : « Je sais que le monde a changé, que des choses ne sont plus acceptables. » Pour autant, elle défend l’acteur au nom d’une certaine idée du génie artistique : « Toute forme de génie porte en soi quelque chose d’extravagant, d’insoumis, de dangereux. » Ce témoignage illustre parfaitement le conflit générationnel qui sous-tend ce procès. D’un côté, une époque où certains comportements étaient tolérés ou tus ; de l’autre, une société qui écoute désormais les voix de ceux qui dénoncent.
Un procès révélateur de tout un système
Si les accusations de Sarah, Engela et Amélie sont aujourd’hui jugées, d’autres témoignages d’actrices ou techniciennes évoquant des comportements déplacés de Gérard Depardieu ont été classés pour prescription. La comédienne Charlotte Arnould, qui a porté plainte pour viol en 2018, était présente dans la salle. Un procès distinct a été requis dans cette affaire par le parquet de Paris. Le procès actuel agit comme un révélateur d’un certain système de silence et de hiérarchie dans le cinéma français, où le statut d’icône semble avoir protégé Depardieu pendant des décennies. Pour les trois plaignantes, les conséquences ont été lourdes : sentiment de honte, isolement professionnel, et aujourd’hui encore, le poids du doute public.
L’acteur, lui, persiste à se défendre en soulignant qu’il est « toujours accompagné » sur les tournages et qu’il n’a jamais agi seul : maquilleuse, garde du corps, habilleuse. Une ligne de défense contestée point par point par les victimes présumées. Reste à savoir si le tribunal estimera que derrière la figure du monstre sacré, se cache une responsabilité pénale. Le verdict est attendu dans les semaines à venir.