Des chercheurs chinois ont réussi une greffe expérimentale inédite : implanter un foie de porc génétiquement modifié sur un patient en état de mort cérébrale. Une prouesse technique qui relance les espoirs dans la xénogreffe.
L’intervention a eu lieu le 10 mars 2024, dans un hôpital universitaire de Xi’an, en Chine. Des scientifiques ont implanté, pour la première fois au monde, un foie de cochon génétiquement modifié sur un patient humain, en état de mort cérébrale. Ce foie, qualifié « d’auxiliaire », ne remplaçait pas celui du patient mais l’assistait temporairement. L’objectif : démontrer la faisabilité de ce type de greffe comme solution d’attente avant une transplantation humaine.
Le foie animal a fonctionné pendant dix jours, produisant de la bile et de l’albumine, selon les chercheurs. L’expérience a été interrompue à la demande de la famille. « Le foie a vraiment bien fonctionné », a déclaré le professeur Lin Wang, coauteur de l’étude publiée dans Nature, lors d’une conférence de presse. Cette percée s’inscrit dans la lignée d’expériences similaires menées aux États-Unis, où des reins et des cœurs de cochons ont déjà été greffés sur des humains avec des résultats variables. En novembre 2024, un patient ayant reçu un rein de cochon est toujours en vie, souligne Le Quotidien du Médecin.

Vers un avenir européen de la xénogreffe ?
Cette opération relance le débat sur les xénogreffes, ces transplantations d’organes issus d’animaux à l’humain. Si la Chine et les États-Unis sont aujourd’hui en tête, la France prépare activement son retour dans la course. Le collectif Xenocure a vu le jour récemment pour structurer les efforts nationaux. Il rassemble médecins, chercheurs, vétérinaires et institutions, afin de bâtir une filière de souveraineté sanitaire sur ces pratiques de pointe. « Nous devons réfléchir dès maintenant à la transposition de la recherche vers les patients », déclare le professeur Olivier Thaunat, futur président de la Société européenne pour la transplantation d’organes, cité par Le Quotidien du Médecin. Le projet devra interagir avec des acteurs clés comme l’Agence de biomédecine, l’Anses et le Comité d’éthique.
Le cochon, du fait de sa compatibilité biologique avec l’humain, apparaît comme l’animal le plus prometteur pour la xénogreffe. Mais des défis majeurs subsistent, notamment la réponse immunitaire, les risques de transmission virale, et les réticences éthiques. Le foie, particulièrement complexe en raison de ses nombreuses fonctions métaboliques, reste l’un des organes les plus délicats à transplanter. En attendant des essais cliniques sur des patients vivants, cette première greffe en Chine marque une étape symbolique vers un futur médical où les organes d’origine animale pourraient sauver des milliers de vies humaines en attente de dons.