Le 24 mai 2019, à 17h30, une explosion retentit rue Victor-Hugo, l’une des artères piétonnes les plus fréquentées de Lyon. Une charge artisanale, dissimulée dans un sac en papier, fait quatorze blessés, dont une fillette de 10 ans. Parmi les victimes, certaines souffriront de séquelles physiques durables, d’autres porteront à vie les stigmates psychologiques de l’attaque. Très vite, l’enquête antiterroriste révèle que l’engin, chargé de clous, de vis et de billes métalliques, visait délibérément à faire un maximum de victimes. Moins d’une semaine après l’attentat, Mohamed Hichem Medjoub est interpellé à son domicile lyonnais. Sur son téléphone, les enquêteurs retrouvent une vidéo d’allégeance à l’État islamique, tournée quelques heures avant l’attaque.
Un procès marqué par le silence et la froideur
Ouvert en mars 2025 devant la cour d’assises spéciale de Paris, le procès de Mohamed Hichem Medjoub s’est rapidement tendu. Durant plusieurs jours, l’accusé a refusé de s’exprimer, se murant dans un silence obstiné face aux questions de la présidente et des parties civiles. Un silence interprété comme une stratégie de provocation par plusieurs avocats de victimes. Ce n’est qu’à la fin des débats que l’accusé a rompu son mutisme pour affirmer ce qu’il a fait. « Si la bombe n’a tué personne, c’est uniquement dû au hasard », a-t-il expliqué, fermement. « C’est comme un magicien qui rate son tour et dit, vexé, qu’il l’a fait exprès ». « On est passé à ça du carnage », a-t-il encore précisé, sans l’ombre d’un remord.
Face à l’absence de repentir et à la gravité des faits, l’avocat général avait requis la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans. La cour a suivi ces réquisitions à la lettre. Mohamed Hichem Medjoub a été reconnu coupable d’avoir commis un acte de terrorisme et d’avoir prémédité son attaque. Le verdict a été accueilli avec soulagement par les parties civiles. Durant son réquisitoire, l’avocat général avait insisté sur le danger que continue de représenter Medjoub, soulignant son adhésion intacte aux thèses djihadistes malgré ses années de détention provisoire. Il a également été décrit par les experts comme « narcissique » et « dangereux ».
« La justice française est là »
Au-delà du sort individuel de l’accusé, ce procès a été vu comme une démonstration de la capacité de la justice française à juger avec rigueur et sérénité des actes terroristes, même plusieurs années après les faits.
« Qu’ils sachent que la justice française est là », a affirmé un avocat de partie civile, en référence aux victimes mais aussi à l’opinion publique. L’affaire a rappelé l’importance de juger tous les actes terroristes, même ceux qui, par chance, n’ont pas fait de morts. Dans son témoignage, la présidente de la cour a elle aussi souligné la force des victimes, saluant leur dignité tout au long des débats. Le procès a également été l’occasion pour certaines d’entre elles de s’exprimer sur l’impact durable de l’attaque sur leur quotidien : peur, angoisse, perte de confiance en l’espace public.