La France reste l’un des plus gros consommateurs d’anxiolytiques en Europe. Ces médicaments, prescrits pour soulager l’anxiété, les troubles du sommeil ou encore certaines crises de panique, connaissent une popularité croissante. Mais derrière leur efficacité immédiate, l’ANSM tire la sonnette d’alarme : 40% des patients poursuivent leur traitement au-delà des durées conseillées, soit plus de 12 semaines pour les benzodiazépines et apparentés. Un chiffre inquiétant, car la prolongation des traitements augmente le risque d’effets secondaires graves.
Effets secondaires : une liste longue et souvent ignorée
Sédation, perte de mémoire, troubles cognitifs, troubles de la coordination motrice, chutes… Les effets indésirables des anxiolytiques ne se limitent pas à la dépendance. Selon le Dr Philippe Vella, directeur médical de l’agence, interrogé dans les colonnes du Huffington Post, ce « sont des médicaments utiles, importants à prescrire à bon escient, mais qui exposent à des risques de somnolence, de dépendance, de troubles de la mémoire et de chutes potentiellement graves chez les sujets âgés ». À long terme, l’usage répété d’anxiolytiques peut entraîner :
- Un risque accru de somnolence diurne, avec des conséquences sur la vigilance, notamment au volant.
- Des pertes de mémoire et des troubles de l’attention.
- Une augmentation du risque de chute chez les personnes âgées, pouvant conduire à des fractures graves.
- Une dépendance physique et psychologique, rendant l’arrêt du médicament difficile et douloureux.
- Des troubles dépressifs aggravés dans certains cas, bien loin de l’effet apaisant initial recherché.
À noter également : les benzodiazépines peuvent interagir dangereusement avec d’autres substances comme l’alcool ou certains antidépresseurs.
Une consommation qui déborde les prescriptions
L’ANSM souligne que malgré les recommandations de limiter la durée d’usage, les traitements tendent à se prolonger, parfois sur plusieurs années. L’effet immédiat de soulagement semble pousser à renouveler les ordonnances sans toujours remettre en question l’opportunité du traitement. Or, rappelle l’agence, les anxiolytiques ne soignent pas les causes profondes de l’anxiété. Ils masquent les symptômes, sans traiter les troubles de fond. « Ces traitements doivent rester ponctuels », insiste l’ANSM.
Face à ce constat, les autorités sanitaires appellent à renforcer la sensibilisation des patients et des prescripteurs. L’ANSM recommande notamment :
- De privilégier des thérapies non médicamenteuses en première intention, comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC).
- De planifier dès la première prescription la durée du traitement et d’accompagner l’arrêt progressif pour éviter les syndromes de sevrage.
- De systématiquement réévaluer le besoin de poursuivre le traitement lors de chaque renouvellement.
Des alternatives existent : relaxation, méditation, soutien psychologique ou encore activité physique régulière peuvent s’avérer aussi efficaces sur le long terme que les traitements médicamenteux, sans exposer aux risques associés.