Depuis le 13 avril 2025, la France est confrontée à une série d’attaques coordonnées visant des établissements pénitentiaires et leurs personnels. Ces actes, allant d’incendies criminels à des tirs à l’arme automatique, ont touché plus d’une dizaine de sites dans l’Hexagone. À Toulon-La Farlède, une façade de prison a été criblée de balles. À Tarascon, trois véhicules ont été incendiés. À Aix-Luynes, un véhicule de surveillant a été brûlé devant son domicile.
Et en Seine-et-Marne, c’est le hall d’immeuble d’une surveillante qui a été la cible d’un départ de feu, avec des inscriptions « DDPF » découvertes sur place. Ce mystérieux acronyme, pour « Défense des droits des prisonniers français », est apparu en parallèle sur la messagerie cryptée Telegram, via un message de revendication. Bien que se présentant comme militant des droits humains en milieu carcéral, le collectif serait en réalité piloté par des narcotrafiquants selon les enquêteurs.

Les surveillants pénitentiaires dans la peur
Face à la multiplication des actes, l’inquiétude grandit au sein du personnel pénitentiaire. Sur BFMTV, plusieurs agents témoignent de leur malaise. « Je fais attention à ne pas être suivi, je regarde à la sortie de l’établissement que personne ne nous regarde, que personne n’essaie d’entraver la route », confie Édouard, qui escorte chaque jour des détenus. Sa collègue Yasmine, en état de choc après l’attaque de Toulon, ajoute : « Il faut qu’on soit aux aguets parce qu’on a compris que le danger se trouve à tout moment et n’importe où, que ce soit chez nous ou au travail. Donc on vit dans la peur en fait. » Un autre surveillant, Anthony, évoque la crainte de ses proches : « Ma mère m’appelle à chaque fois que je sors du travail pour savoir si je suis bien rentré. Le danger, il existait déjà, sauf qu’aujourd’hui, on constate qu’avec ce niveau de violence, plus personne n’a peur de passer à l’acte. »
Le groupe « DDPF » se dit défenseur des droits des détenus, mais ses méthodes s’apparentent à celles du narcobanditisme. L’utilisation d’armes lourdes, la densité des attaques dans la région PACA et le recours à Telegram renforcent la thèse d’un lien avec le narcotrafic. Selon Le Parisien, les caïds orchestreraient les actions via des exécutants de terrain. En dépit de ces revendications politiques affichées, les actes perpétrés visent clairement à semer la terreur et à faire pression sur l’institution pénitentiaire.
Le parquet national antiterroriste mobilisé
Le procureur national antiterroriste Olivier Christen a confirmé que l’enquête a été confiée au PNAT au titre du « terrorisme par intimidation ». « Il n’y a pas eu d’arrestation, ni de ciblage spécifique de profils. Nous sommes confrontés à une action concertée sur l’ensemble du territoire national, sur un laps de temps relativement long », a-t-il expliqué sur franceinfo, insistant sur la nécessité de rester « le plus ouvert possible sur toutes les pistes ». Une première interpellation a toutefois eu lieu en Essonne, concernant un ancien détenu en semi-liberté.
Emmanuel Macron a promis que les auteurs de ces attaques seraient « retrouvés, jugés et punis ». De leur côté, les syndicats expriment leur colère. Wilfried Fonck, secrétaire national de l’UFAP-UNSA justice, déplore : « La série noire continue. Ça ne peut pas durer parce que les personnels derrière ne peuvent pas exercer leur mission convenablement dans de telles conditions. » Pour répondre à l’angoisse des agents, des cellules psychologiques ont été ouvertes et la sécurité a été renforcée autour de plusieurs établissements sensibles.