La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine connaît-elle un tournant ? C’est ce que certains analystes espèrent depuis l’annonce, vendredi 28 avril, par le ministère chinois du Commerce, que Pékin « évalue » une proposition américaine de reprise du dialogue. Washington a en effet transmis plusieurs signaux en faveur d’une reprise des négociations sur les droits de douane hérités de l’ère Trump. Mais la Chine, tout en se disant ouverte, ne semble pas prête à céder sur ses lignes rouges.
« Si les États-Unis veulent discuter, ils doivent montrer leur sincérité à le faire, être prêts à corriger leurs mauvaises pratiques et annuler les droits de douane unilatéraux, et agir », a déclaré le ministère chinois du Commerce dans un communiqué. La réaction des marchés asiatiques ne s’est pas fait attendre : l’indice Hang Seng à Hong Kong a bondi de 0,87 %, celui de Tokyo de 0,88 %, tandis que Taipei s’envolait de 1,71 %. Les Bourses de Sydney et Séoul affichent également une hausse modeste.
Une guerre commerciale qui s’enlise
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a repris sa croisade protectionniste, imposant des surtaxes de 145 % sur de nombreux produits chinois. Pékin a répliqué en appliquant des droits de douane allant jusqu’à 125 % sur certaines marchandises américaines. Mais la Chine refuse toujours toute discussion tant que ces mesures ne sont pas levées. « Dire une chose tout en en faisant une autre, ou utiliser les négociations comme prétexte pour exercer des pressions : la Chine n’acceptera pas cela », prévient-elle.
Une position réaffirmée par Wu Xinbo, directeur du centre d’études américain à l’Université Fudan de Shanghai : « Les États-Unis espèrent entamer des négociations au plus vite, mais notre attitude est claire : ils doivent d’abord supprimer les tarifs douaniers pour prouver leur sincérité ».
Une escalade qui coûte cher
Le désaccord pèse lourdement sur les échanges entre les deux premières puissances économiques mondiales. Les nouveaux droits de douane visent notamment les petits colis de moins de 800 dollars, soumis à des taxes de 90 % ou 75 dollars par article depuis cette semaine. L’administration Trump a aussi donné jusqu’à juillet à plusieurs pays pour négocier des accords, sous peine de sanctions commerciales accrues. Pékin, de son côté, s’emploie à renforcer ses liens économiques avec l’Asie du Sud-Est. Une manière de se préparer à un isolement commercial plus profond, dans un contexte où elle affirme ne « jamais vouloir s’agenouiller ». « Si nous nous battons, nous le ferons jusqu’au bout. Si nous discutons, la porte est ouverte », a tranché le ministère chinois du Commerce.
L’avenir du dialogue incertain
Malgré les récentes déclarations apaisantes, les deux camps semblent encore très éloignés sur le fond. Pour la Chine, tout compromis passe par une annulation préalable des surtaxes. Pour les États-Unis, pas question de lever les sanctions sans engagement fort sur la question du déséquilibre commercial ou du transfert de technologies. Le bras de fer continue donc, avec en toile de fond un ordre commercial mondial en recomposition. Reste à voir si les signaux d’ouverture suffiront à dégeler un dialogue au point mort depuis trop longtemps.