Le livre-enquête La Meute, coécrit par les journalistes Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, publié chez Flammarion, continue de provoquer des remous à gauche. L’ouvrage, qui s’appuie sur de nombreux témoignages et documents internes, dresse le portrait d’un mouvement centré autour de Jean-Luc Mélenchon et de sa compagne, la députée Sophia Chikirou, dans une atmosphère qualifiée de « délétère », voire de « clanique ».

Clémentine Autain : « Ce livre explique pourquoi j’ai rompu avec LFI »

Parmi les premières figures à réagir publiquement, Clémentine Autain, désormais ralliée aux écologistes, a affirmé sur BFM TV–RMC, jeudi 2 mai : « Ce livre, au fond, il explique pourquoi j’ai rompu avec La France insoumise, parce que je suis fondamentalement attachée à la démocratie. » L’ex-députée LFI, exclue aux côtés d’Alexis Corbière, Raquel Garrido, François Ruffin et Hendrik Davi, dénonce une organisation où « les débats stratégiques ne sont pas réglés de façon démocratique » et où « la moindre voix dissonante est perçue comme une trahison ». Elle évoque également une “culture viriliste et de l’intimidation”, soulignant qu’à long terme, ce mode de fonctionnement empêche LFI « d’être le moteur du rassemblement de la gauche », pourtant crucial selon elle pour 2027.

Le livre révèle plusieurs messages à connotation menaçante envoyés par Jean-Luc Mélenchon à ses opposants ou ex-proches. L’un des plus commentés concerne un SMS adressé en octobre 2024 à Marine Tondelier, cheffe des Écologistes : « On va te renvoyer la dose que tu mérites. » Interrogée sur France 2, elle a confirmé l’authenticité du message, ajoutant : « Ce n’est pas comme ça que devrait fonctionner un parti. »
Le contexte ? Une législative partielle à Grenoble, où Lucie Castets, soutenue par EELV mais refusant d’adhérer à un seul groupe parlementaire, avait été désignée candidate. Cette position avait déplu à LFI, déjà en tension avec ses alliés.

Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin : une purge ciblée ?

Le livre décrit également l’éviction progressive d’anciens piliers de la Mélenchonie, notamment Raquel Garrido et Alexis Corbière. Le second aurait reçu un dernier message sans appel de la part de Mélenchon : « Ne m’adresse plus jamais la parole. » Ces exclusions auraient été motivées, selon l’enquête, par leurs critiques du fonctionnement interne et leur volonté de faire évoluer le parti vers plus de démocratie interne.

“Une fiction” pour LFI, mais un malaise palpable

Face à la tempête médiatique, les réactions officielles de LFI oscillent entre minimisation et déni. « Ce livre, je pense que c’est une fiction », a déclaré Manuel Bompard, coordinateur de LFI, sur BFMTV. Même tonalité chez Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI : « Beaucoup de faits rapportés dans ce livre sont faux. » Mais ces démentis ne suffisent pas à calmer la tempête. Car ce n’est pas la première fois que le fonctionnement vertical du mouvement est pointé du doigt. Ce nouvel épisode met à mal les ambitions présidentielles de Jean-Luc Mélenchon, alors que le climat d’union à gauche reste fragile.

Avec ces révélations, la fracture entre LFI et le reste de la gauche s’accentue. Pour Marine Tondelier, « il est net que les écologistes ont fait un choix différent de fonctionnement, de méthode ». Et d’ajouter : « On n’a pas eu beaucoup d’échanges depuis [le SMS de Mélenchon]. » Alors que la présidentielle de 2027 se profile, et que la question d’une candidature unique reste sans réponse, La Meute jette une lumière crue sur les tensions intestines de la gauche française. Une gauche qui, à force de divisions, pourrait bien rater une fois de plus le rendez-vous avec l’alternance.

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