Une phrase de trop. Sur le plateau de l’émission Quelle Époque ! diffusée sur France 2, Thierry Ardisson a suscité une vive polémique en déclarant que « Gaza, c’est Auschwitz, voilà, c’est tout ce qu’il y a à dire ». Une comparaison avec le camp nazi d’extermination qui a immédiatement provoqué l’indignation de nombreuses personnalités et institutions juives, parmi lesquelles la Licra et le Crif.

Le Crif parle de « confusion coupable »

Dimanche, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a fermement réagi sur X (ex-Twitter), dénonçant une « banalisation des comparaisons outrancières et le confusionnisme ambiant ». Elle rappelle : « Le nazisme et la Shoah ne sont pas l’alpha et l’oméga de toutes les crises nationales et internationales. Gaza n’est pas Auschwitz ».

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’est lui aussi indigné par la voix de son président Yonathan Arfi, affirmant :,« Non, Thierry Ardisson, Gaza n’est pas Auschwitz ! » Et d’ajouter : « La Mémoire de la Shoah n’est jamais autant convoquée que par ceux qui veulent la retourner contre les Juifs. » Il regrette une instrumentalisation dangereuse de l’histoire : « Je déplore depuis le 7 octobre la détresse de toutes les populations civiles, israéliennes et palestiniennes. Mais pour quel autre conflit utilise-t-on ces comparaisons avec la Shoah ? Aucune critique d’Israël ne justifie de le nazifier ».

Ardisson s’excuse : « Mon propos était exagéré »

Face au tollé, Thierry Ardisson a publié un communiqué transmis à l’AFP, dans lequel il reconnaît une erreur de jugement : « L’émotion était sans doute trop forte et mon propos exagéré. » Il précise également : « Je prie mes amis juifs de bien vouloir me pardonner », en rappelant ses prises de position publiques contre l’antisémitisme.

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre intensive dans la bande de Gaza. Le territoire palestinien est soumis à un blocus sévère, et de nombreuses ONG alertent sur une situation humanitaire catastrophique : manque de nourriture, de médicaments, de carburant. Selon l’Unicef, 51 266 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début du conflit, dont 15 613 enfants, et plus de 116 000 personnes blessées.

Une parole publique qui interroge la responsabilité médiatique

Au-delà de la polémique, les propos de Thierry Ardisson interrogent la responsabilité des personnalités publiques dans la formulation de comparaisons historiques. Dans un contexte marqué par la polarisation du débat sur le conflit israélo-palestinien, les mots employés à l’antenne ne sont jamais neutres.

Comparer Gaza à Auschwitz revient à mélanger des réalités historiques radicalement différentes, et risque d’alimenter des confusions, voire de raviver des tensions communautaires. Comme le rappelle le Crif, « aucune critique d’Israël ne justifie de le nazifier » — une ligne rouge franchie selon plusieurs observateurs.

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