Aucun élève ne sera accepté à l’école mardi » : la canicule pousse enseignants et municipalités à fermer des établissements, invoquant le droit de retrait. Entre écoles mal isolées, chaleur insoutenable et improvisation ministérielle, l’éducation vacille face à l’urgence climatique.

Ce mardi 1er juillet pourrait devenir la troisième journée la plus chaude jamais enregistrée en France. Météo-France a placé 84 départements en vigilance orange. À Tours, à Lyon, dans le Vaucluse ou à Montauban, le mercure frôle déjà les 40°C. Et les salles de classe, mal isolées et non climatisées, se transforment en véritables étuves. L’école de Vigny-Musset, à Tours, affichait 35°C à 9h du matin dans ses salles. Impossible, dans ces conditions, d’apprendre. Ou simplement de respirer.

« Aucun élève ne sera accepté à l’école mardi » : un message qui se répand

Face à cette situation exceptionnelle, de plus en plus d’établissements affichent à leur porte ce message sans appel : « Aucun élève ne sera accepté à l’école mardi à cause de la canicule. » Une décision qui relève du droit de retrait, exercé par les enseignants en vertu du Code du travail, dès lors qu’un danger grave et imminent pour leur santé ou celle de leurs élèves est constaté.

À Tours, la mairie a pris les devants : toutes les écoles de la ville fermeront leurs portes lundi après-midi et mardi, officiellement pour protéger enfants et enseignants. Dans d’autres communes, la fermeture est partielle ou décidée au dernier moment, forçant parents et personnels à s’adapter dans l’urgence.

Le droit de retrait : mode d’emploi en période de canicule

Ce droit, prévu par le Code du travail, peut être exercé sans l’accord préalable de la hiérarchie. Mais un protocole strict doit être suivi :

  1. Dès lundi, les enseignants doivent consigner le danger dans un « registre de danger grave et imminent » (RDGI), accompagné de preuves : photographies de thermomètres, absence de stores, impossibilité d’aérer…
  2. Mardi, si la situation persiste, un second RDGI est rempli. Les enseignants informent alors les parents de leur impossibilité d’assurer la classe.
  3. En revanche, les enseignants doivent rester dans l’école, dans une salle ventilée comme la salle des maîtres, et attendre les consignes de leur hiérarchie.

Pour les parents, c’est la débrouille. Ceux qui le peuvent font du télétravail, activent les grands-parents, ou s’organisent entre voisins. Une mère d’élève confie : « On s’arrange avec les autres parents pour récupérer les enfants à tour de rôle. Mais tout le monde ne peut pas s’adapter en 48 heures. » La décision de laisser les écoles ouvertes « au cas par cas », défendue dimanche 29 juin par Élisabeth Borne sur France 3, n’a pas convaincu. La ministre de l’Éducation nationale refuse pour l’instant une fermeture anticipée généralisée des établissements, misant sur une gestion territorialisée de la crise. Une réponse jugée insuffisante par les syndicats.

Une mauvaise gestion pointée du doigt

Pour les syndicats enseignants comme le SNUipp-FSU, la colère monte. « On a l’impression que le gouvernement découvre les effets de la canicule comme si c’était la première fois », dénonce Aurélie Gagnier, porte-parole du syndicat. Le manque d’anticipation, l’absence de consignes claires, l’impossibilité pour certaines communes d’aménager des espaces frais sont autant de points d’alerte. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) estime qu’au-delà de 30°C pour une activité de bureau et 28°C pour un travail physique, la chaleur devient dangereuse. Un seuil largement dépassé dans les classes, où des enfants restent parfois assis sans ventilateur, dans des écoles « pailleron » construites dans les années 50-60 et totalement inadaptées aux pics climatiques.

Lundi 30 juin, plus de 200 écoles ont fermé totalement ou partiellement, selon les remontées locales. Dans l’académie de Tours, sept collèges seront mis à disposition pour accueillir les enfants de soignants, d’enseignants ou de personnels prioritaires. Une solution d’urgence, bricolée en quelques heures, qui ne suffit pas à masquer l’ampleur du problème. Alors que l’année scolaire touche à sa fin, la question d’un départ anticipé en vacances scolaires agite les familles et les syndicats. Mais le ministère temporise. La consigne : tenir encore quelques jours. Adapter. Improviser. Un pari risqué alors que le climat, lui, ne négocie pas. En attendant, les affiches « Aucun élève ne sera accepté à l’école mardi » pourraient bien devenir le symbole d’une école à bout de souffle, incapable de résister à la montée des températures.

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