Trois mois après avoir entamé sa peine sous surveillance électronique, Nicolas Sarkozy voit son bracelet retiré. L’ancien président de la République, condamné pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes, bénéficie désormais d’un aménagement de peine. Une décision qui suscite déjà des réactions contrastées dans la classe politique et l’opinion publique.
Fin du bracelet après trois mois de détention à domicile
Condamné définitivement à un an de prison ferme en mars 2024, dans le cadre de l’affaire Bismuth – du nom de la ligne secrète utilisée par Sarkozy pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog – l’ancien chef de l’État avait échappé à la prison grâce à un aménagement sous bracelet électronique. Ce mercredi 15 mai 2025, la justice a mis fin à cette mesure, estimant que les conditions étaient réunies pour une libération anticipée : âge avancé (70 ans), comportement exemplaire, absence de récidive. Me Jacqueline Laffont, son avocate, a déclaré à BFMTV : « Il a purgé sa peine dans les conditions fixées par la justice, et cette décision s’inscrit dans un cadre légal parfaitement ordinaire. »
La députée écologiste Sandrine Rousseau a vivement réagi sur X : « N’importe quel citoyen condamné pour corruption aurait purgé l’intégralité de sa peine. C’est une nouvelle démonstration d’une justice à deux vitesses. ». De son côté, Manuel Bompard (LFI) a dénoncé un « privilège de caste pour les puissants », tandis que Laurent Jacobelli (RN) parle d’un « signal catastrophique envoyé aux Français sur l’impunité des élites ».
La famille politique salue une « page tournée »
Chez Les Républicains, plusieurs figures politiques ont salué ce dénouement. Le sénateur Bruno Retailleau a estimé sur Franceinfo : « Cette histoire devait se conclure dignement. Nicolas Sarkozy a payé très cher une faute qu’il continue de contester. » (Franceinfo, 15 mai 2025) Brice Hortefeux, proche de l’ancien président, a lui déclaré à RTL : « C’est un homme soulagé, mais marqué. Il veut désormais tourner la page. »
En raison de sa condamnation, Nicolas Sarkozy est frappé d’inéligibilité pour trois ans, ce qui écarte tout retour politique à court terme. Il reste par ailleurs visé par une autre procédure judiciaire : celle du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Ce procès, prévu pour fin 2025, pourrait encore ternir son image publique (Le Monde, avril 2025).
Une affaire inédite dans la Ve République
Avec ce bracelet électronique retiré, Sarkozy devient le premier ancien président français à avoir purgé une peine privative de liberté, même aménagée. Un précédent qui interroge sur la place des anciens chefs d’État face à la justice. Pour l’historien Jean Garrigues, interrogé par France Inter, « Cette affaire redéfinit les contours de l’immunité présidentielle post-mandat. Elle rappelle aussi que l’exemplarité n’est pas un concept moral, mais démocratique ». L’ancien président, pour l’instant, n’a pas pris la parole. Selon Le Parisien, il aurait confié à son entourage vouloir se tenir à l’écart du tumulte et profiter de sa famille.
Si cette étape marque la fin d’une sanction concrète, elle ne signe pas pour autant la fin du feuilleton judiciaire Sarkozy. Et dans un contexte de défiance généralisée vis-à-vis des élites, la perception d’un traitement de faveur pourrait laisser des traces durables dans l’opinion.