La fille et le petit-fils du PDG d’une entreprise française de cryptomonnaie ont échappé de justesse à une tentative d’enlèvement. Les faits se sont produits peu après 8 heures du matin, rue Pache. Trois individus cagoulés, lourdement armés, ont tenté de faire monter de force une mère de famille et son enfant en bas âge dans une camionnette faussement siglée Chronopost. Le père de l’enfant s’est interposé et a été violemment roué de coups.
Une opération préparée et ciblée
Selon les premières informations communiquées par une source policière et relayées notamment par Le Parisien, la victime, âgée de 34 ans, serait la fille du PDG et cofondateur de Paymium, une plateforme d’échange de cryptomonnaie fondée en 2011 et considérée comme l’un des pionniers européens du Bitcoin. Une vidéo authentifiée montre l’agression brutale : les assaillants surgissent d’un véhicule utilitaire, vraisemblablement floqué pour se faire passer pour un livreur. Ils tentent d’embarquer la mère et son enfant de 2 ans. Le père, présent sur place, s’interpose malgré les coups portés avec des objets contondants.
La mère aurait alors eu le réflexe de s’emparer d’une des armes – un pistolet semi-automatique – et de la jeter au loin. L’arme s’est révélée être un Airsoft, une réplique non létale, mais les agresseurs, surpris par la résistance du couple et les cris de détresse, ont pris la fuite, poursuivis par un riverain qui leur a lancé un extincteur. Ce n’est pas la première fois qu’un enlèvement touche de près un acteur du monde crypto. Le 1er mai 2024, soit moins d’un mois avant cette nouvelle tentative, le père d’un entrepreneur français opérant dans le secteur avait été enlevé en plein Paris, dans le 14e arrondissement, vers 10h30. Il avait été séquestré durant près de 48 heures, avant d’être libéré par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) dans l’Essonne, sérieusement blessé.
Une tendance inquiétante
Le lien entre cryptomonnaies et criminalité n’est pas nouveau, mais cette recrudescence d’enlèvements ciblés sur des proches de figures du secteur souligne un nouveau type de menace. Alors que les portefeuilles décentralisés permettent de détenir des fortunes sur des clés numériques facilement transférables sous la contrainte, les acteurs de ce marché sont devenus des cibles de choix pour les gangs organisés. Les autorités craignent une montée en puissance de ce type de criminalité. L’affaire du 28 mai montre que les ravisseurs n’hésitent pas à agir en plein jour, dans des quartiers fréquentés, et à employer la violence la plus directe. La BRB a été saisie de l’affaire. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « tentative d’enlèvement en bande organisée ». Aucune interpellation n’avait été effectuée au moment de la publication. L’enquête cherchera à établir des liens éventuels entre les deux affaires, même si la nature très ciblée des victimes laisse peu de doute sur la motivation principale : l’argent. Ou plus précisément, les cryptos. Alors que l’écosystème français de la blockchain continue de se structurer, ces agressions rappellent une évidence : la cybersécurité ne protège pas du rapt physique.
La cryptomonnaie, bien que dématérialisée, a toujours eu une image de richesse rapide et discrète. Cette image attire de plus en plus des groupes criminels organisés. Pour ces derniers, le rapt d’un proche ou d’un enfant d’un dirigeant influent peut se transformer en monnaie d’échange contre des portefeuilles numériques, souvent difficiles à tracer ou à geler. À ce stade, aucun élément ne permet encore d’établir si l’objectif des agresseurs était un rançonnage en échange de cryptomonnaie, ou s’il s’agissait d’une tentative d’intimidation ciblée. Mais les enquêteurs, qui privilégient clairement la piste liée à l’activité du père de famille, redoutent une montée en puissance de ce type de délinquance.