Alors que l’armée israélienne poursuit ses opérations à Rafah, Emmanuel Macron, Keir Starmer et Mark Carney ont signé une déclaration commune dénonçant les actions d’Israël dans la bande de Gaza. Les trois dirigeants appellent à un cessez-le-feu immédiat, à l’entrée de l’aide humanitaire et à la reconnaissance d’un État palestinien.
La pression s’intensifie sur le gouvernement israélien alors que l’offensive militaire se poursuit dans le sud de la bande de Gaza, en particulier à Rafah, dernier refuge pour plus d’un million de civils palestiniens déplacés. Ce week-end, le président français Emmanuel Macron, le leader du Parti travailliste britannique Keir Starmer et l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney ont publié une déclaration conjointe dénonçant la poursuite des hostilités, jugées « scandaleuses ». Les trois dirigeants appellent à une pause immédiate dans les combats et à des avancées diplomatiques concrètes vers une solution à deux États. Une prise de position qui a aussitôt suscité l’ire du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui refuse toute trêve sans destruction totale du Hamas.
Un front diplomatique inédit face à l’escalade israélienne
Dans leur communiqué publié le 19 mai, les trois figures politiques occidentales dénoncent avec force la conduite de l’opération militaire israélienne à Gaza. Ils évoquent une situation humanitaire « intolérable », une « souffrance insoutenable des civils », et appellent à une désescalade immédiate. « Nous ne resterons pas les bras croisés face à ce qui se déroule à Gaza », peut-on lire dans la déclaration. La priorité, selon eux, est double : ouvrir sans délai un accès humanitaire sûr et durable à la population gazaouie, et parvenir à un cessez-le-feu pour éviter de nouvelles pertes civiles. Malgré l’annonce récente par Israël d’une ouverture partielle de l’aide via le port d’Ashdod ou le point de Kerem Shalom, les dirigeants occidentaux estiment que cela reste très insuffisant face à l’urgence.
Au-delà de l’urgence humanitaire, les trois signataires insistent sur la nécessité d’une reconnaissance de l’État palestinien comme seule issue viable au conflit. Ils appellent leurs partenaires européens et internationaux à se rallier à cette initiative, et envisagent une conférence sur le sujet dès le mois de juin, sous l’égide des Nations unies. Autre point de crispation : les discours tenus par certains membres du gouvernement israélien, que les trois dirigeants qualifient de « haineux » et « inacceptables », notamment autour de l’idée d’un transfert forcé de populations. Ils demandent qu’Israël se conforme strictement au droit international humanitaire. Enfin, s’ils réaffirment le droit légitime d’Israël à se défendre face aux attaques du Hamas, Macron, Starmer et Carney préviennent que des « mesures concrètes » pourraient être envisagées contre Israël si la situation continue à se détériorer. Aucune sanction n’est pour l’instant annoncée, mais le ton se durcit.

La contre-attaque verbale de Netanyahou
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a rapidement réagi à cette prise de position. Dans un communiqué diffusé dimanche soir, il a dénoncé une déclaration « honteuse » et « moralement indéfendable » de la part de pays alliés. Selon lui, ces appels à un cessez-le-feu ne feraient qu’« offrir une immense récompense au Hamas », alors que l’organisation islamiste a, selon lui, déclenché cette guerre par l’attaque du 7 octobre 2023, qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes côté israélien.
Pour Netanyahou, interrompre les opérations militaires maintenant reviendrait à « laisser intactes les capacités du Hamas », et à « exposer à nouveau les citoyens israéliens à des menaces existentielles ». Il insiste sur la nécessité d’éradiquer l’infrastructure militaire et politique du Hamas à Gaza, qu’il considère comme une condition non négociable pour une paix durable.Le Premier ministre a également appelé les pays occidentaux à respecter le droit d’Israël à se défendre, et à « ne pas céder au chantage moral de ceux qui instrumentalisent la souffrance humanitaire pour justifier le terrorisme ».
Contexte tendu et fracture diplomatique
Cette séquence souligne la fracture croissante entre Israël et plusieurs de ses alliés historiques, notamment en Europe. Tandis que certains pays – comme l’Espagne, l’Irlande ou la Norvège – s’apprêtent à reconnaître un État palestinien, la pression augmente pour que la France et le Royaume-Uni adoptent des positions plus fermes. Emmanuel Macron s’est déjà exprimé à plusieurs reprises sur la nécessité d’un cessez-le-feu durable et d’un retour à la négociation. De son côté, Keir Starmer, probable futur Premier ministre britannique selon les sondages, durcit également son ton à mesure que le conflit s’enlise.
La réponse de Netanyahou laisse peu de place à la désescalade immédiate. À moins d’un changement de cap ou d’une médiation internationale efficace, la fracture diplomatique semble appelée à s’élargir, sur fond de crise humanitaire majeure à Gaza.