Thérapies cellulaires, vaccins personnalisés à ARN messager, intelligence artificielle… En 2025, la recherche contre le cancer progresse à grande vitesse, selon le rapport annuel de l’ASCO et plusieurs initiatives européennes.
Des résultats spectaculaires en immunothérapie cellulaire
L’un des faits marquants de cette année 2025 vient de Chine, où une thérapie à base de cellules CAR-T contre le cancer gastrique avancé a permis une amélioration significative de la survie des patients. Lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), les chercheurs ont révélé que cette nouvelle génération de traitement a permis de prolonger la vie de certains malades de plus de deux mois par rapport à la prise en charge standard (passant de 5,5 à 7,9 mois). Jusqu’ici réservées aux cancers du sang, ces thérapies ciblées franchissent un cap en s’attaquant aux tumeurs solides.
En parallèle, des essais cliniques menés aux États-Unis et en Europe portent sur des vaccins à ARN messager personnalisés, notamment pour lutter contre le glioblastome, un cancer cérébral particulièrement agressif. Ces essais sont conduits par Moderna et BioNTech, en partenariat avec des hôpitaux universitaires, comme celui d’Heidelberg (Allemagne). L’objectif : produire des vaccins « sur mesure » à partir du séquençage de la tumeur de chaque patient pour générer une réponse immunitaire spécifique. Des résultats préliminaires présentés à l’ESMO Congress (European Society for Medical Oncology) fin 2024 ont montré une tolérance élevée et un début de réponse clinique chez certains malades.
L’intelligence artificielle, nouveau pilier du diagnostic et de la médecine de précision
L’IA n’est plus une promesse mais une réalité dans les services d’oncologie. En France, le CHU de Lille utilise depuis cette année un algorithme développé avec l’Inserm et l’INCa (Institut national du cancer) pour améliorer le diagnostic précoce des cancers du poumon et du sein. En croisant les données d’imagerie médicale avec les antécédents cliniques, l’IA permet de détecter des lésions à un stade précoce, et d’adapter plus rapidement les traitements.
De plus, des outils comme Watson for Oncology d’IBM ou Owkin (startup franco-américaine soutenue par Sanofi) assistent désormais les cancérologues dans leurs choix thérapeutiques. Ces intelligences artificielles analysent des milliers de cas pour recommander les thérapies les plus adaptées à chaque profil génétique. À la clé : une médecine de précision mieux ciblée, moins invasive et potentiellement plus efficace.
Une mobilisation internationale accélérée malgré des inégalités persistantes
Selon le rapport annuel du Global Cancer Observatory (OMS), le cancer a causé plus de 10 millions de morts en 2024. Mais les investissements mondiaux pour changer cette trajectoire sont en hausse. La France, à travers son plan décennal 2021–2030, a engagé 1,74 milliard d’euros pour financer la recherche, avec un accent sur les cancers pédiatriques et les tumeurs rares. Le consortium européen Cancer Mission (financé par Horizon Europe) a pour ambition de guérir trois cancers sur quatre d’ici 2030. Il mise sur le développement de plateformes ouvertes de données, favorisant les collaborations transfrontalières entre chercheurs, hôpitaux et industriels.
Malgré ces avancées, l’accès aux traitements innovants reste très inégal selon les régions du monde. Si l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et une partie de l’Asie accélèrent, l’Afrique subsaharienne et certains pays d’Amérique latine restent à la traîne, faute d’infrastructures et de financement. 2025 marque un tournant dans la lutte mondiale contre le cancer. Grâce aux progrès conjoints de l’immunothérapie, de l’intelligence artificielle et des biotechnologies, les perspectives de survie s’améliorent. Mais pour que ces avancées bénéficient à tous, un effort collectif reste nécessaire, tant sur le plan médical que politique.