Âgée de 31 ans et mère d’un petit garçon, Mélanie G. venait tout juste de se reconvertir comme assistante d’éducation dans un collège de Haute-Marne. Son meurtre par un collégien a bouleversé la France entière.
Elle venait de fêter ses 31 ans. Mélanie G., mère d’un enfant de 4 ans et ancienne coiffeuse, travaillait depuis peu comme surveillante au collège Françoise-Dolto de Nogent (Haute-Marne). Le mardi 11 juin, elle a été mortellement poignardée par un élève de 14 ans, alors qu’un contrôle de sacs était en cours devant l’établissement, sous la supervision des gendarmes.
Cette agression soudaine et d’une extrême violence a profondément choqué l’opinion publique. Le profil de Mélanie G., femme engagée, bienveillante et appréciée dans son village, incarne tragiquement ces personnels de l’Éducation nationale qui font vivre l’école au quotidien, souvent dans l’ombre.
Une mère de famille « douce », « dévouée », aimée de tous
Originaire de Haute-Marne, Mélanie G. vivait à Sarcey, un petit village situé à 10 km du collège où elle exerçait. Elle s’était reconvertie récemment comme assistante d’éducation pour, selon son entourage, « avoir plus de temps pour son fils ». Ancienne coiffeuse, elle était connue localement pour sa gentillesse et son calme. « C’était une femme adorable, très douce. Jamais un mot plus haut que l’autre », témoigne Dylan, un de ses anciens clients dans le salon de coiffure, interrogé par BFMTV. Une voisine de Sarcey confie à L’Est Républicain : « Elle était une bonne maman, une fille du pays. Je suis effondrée. On n’arrive pas à croire que cela puisse arriver ici. » Mélanie siégeait même au conseil municipal de son village depuis 2020. Une autre proche, Aurore, décrit « une femme heureuse dans son nouveau métier, investie, qui voulait aider les jeunes ». Un engagement brisé par un acte de violence inimaginable.
Un collégien sans antécédents, décrit comme « bon élève » mais au comportement parfois instable
Le jeune garçon de 14 ans, scolarisé en classe de 3e au collège Françoise-Dolto de Nogent, n’était pas connu de la justice. Selon le procureur de Chaumont, il ne présentait pas d’antécédents judiciaires. Ses professeurs le décrivent comme un élève sans difficulté scolaire majeure, intégré dans la vie du collège. Il avait même été désigné « ambassadeur de lutte contre le harcèlement » au sein de son établissement.
Pourtant, certains signaux posent question. Il avait été temporairement exclu à deux reprises en début d’année pour des comportements perturbateurs en classe. Des camarades évoquent, eux, un profil plus nuancé. « Il parlait parfois de suicide, il avait l’air un peu instable », a confié un ancien élève de sa classe à Europe 1. D’autres, comme Sam, disent avoir été surpris par le geste, le décrivant comme « plutôt sympa » et bon élève, accepté en section internationale.
Issu d’une famille sans histoire, avec deux parents actifs, l’adolescent n’était apparemment pas dans le radar des services sociaux ni de l’administration scolaire. Ce contraste entre une image d’intégration apparente et un passage à l’acte d’une extrême violence alimente aujourd’hui les débats sur la santé mentale des jeunes, le manque de moyens pour repérer la détresse psychologique et la prévention de la violence à l’école.
Une attaque qui bouleverse l’Éducation nationale et relance le débat sur la sécurité à l’école
L’adolescent mis en cause, scolarisé en 3e, n’avait pas d’antécédents judiciaires. Pourtant, il a poignardé Mélanie G. de manière soudaine et mortelle. Selon la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, le collégien ne présentait pas de « difficultés particulières » : il était même ambassadeur de lutte contre le harcèlement scolaire. Mais il avait tout de même été exclu deux fois pour perturbation en classe. Le drame a déclenché une onde de choc nationale, à la fois dans le monde éducatif et chez les responsables politiques. Le président Emmanuel Macron a dénoncé un « déferlement de violence insensé ». Une minute de silence sera observée jeudi 12 juin à midi dans tous les établissements scolaires de France, à la demande du ministère.
Sur le terrain, des cellules de soutien psychologique ont été mises en place à Nogent, tandis que des propositions émergent : portiques de sécurité, interdiction immédiate de vente de certains couteaux aux mineurs, surveillance renforcée… Mais au-delà des questions de sécurité, la sidération domine, y compris parmi les enseignants du collège. Beaucoup peinent à comprendre comment un jeune garçon, issu d’un foyer sans antécédents, a pu commettre un acte d’une telle violence. Selon certains élèves, le collégien tenait parfois des propos étranges, évoquant notamment le suicide. Un témoignage troublant qui alimente les interrogations sur la santé mentale des adolescents, dans un contexte de banalisation de la violence, comme l’a souligné la ministre.