Déploiement de l’armée, expulsions massives, émeutes… La nouvelle offensive anti-migrants de Trump provoque une onde de choc à travers le pays. On vous explique.
Le contexte : une Amérique sous tension
Depuis le début du mois de juin, les États-Unis vivent une flambée de tensions. Dans plus de 20 villes américaines, des manifestations ont éclaté, certaines dégénérant en émeutes violentes, notamment à Los Angeles, New York, Seattle ou Chicago. À l’origine de cette colère : la politique migratoire ultra-radicale de Donald Trump, relancée avec force à l’approche de l’élection présidentielle.
Le 5 juin, le président a ordonné le déploiement de la Garde nationale et des Marines pour appuyer les opérations de raids et d’expulsions massives menées par l’agence ICE (Immigration and Customs Enforcement). Selon le Washington Post, ces opérations visent jusqu’à 3 000 arrestations de sans-papiers par jour.
Ce qu’il se passe sur le terrain
Depuis le lancement des raids migratoires massifs début juin, la situation s’est tendue dans plusieurs grandes villes américaines. À Los Angeles, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les arrestations arbitraires de sans-papiers. Ce qui avait commencé comme un rassemblement pacifique a rapidement dégénéré : affrontements avec la police, jets de projectiles, gaz lacrymogènes, incendies de véhicules et vitrines brisées ont plongé certains quartiers dans un climat quasi-insurrectionnel. Le couvre-feu a été réactivé dans plusieurs zones, notamment autour de Downtown LA et Long Beach. Plus de 250 arrestations ont été recensées, selon les autorités locales. Certaines vidéos largement relayées sur TikTok et X montrent des manifestants violemment interpellés, et même des familles migrant·es séparées par les forces de l’ordre lors de contrôles improvisés.
Des ONG comme Human Rights Watch dénoncent des méthodes brutales, voire illégales, employées par les agents de l’ICE appuyés par des unités militaires. À Chicago, une manifestation près du centre de détention de migrants de Broadview a réuni plus de 8 000 personnes. À Austin, des étudiants d’université ont organisé des sit-in massifs, bloquant temporairement l’accès à certains campus. À New York, plusieurs stations de métro ont été fermées après que des protestataires ont occupé les quais pour dénoncer les rafles. Dans plusieurs États, des centres religieux et associations locales ont rouvert des “sanctuaires” pour héberger temporairement des familles sans papiers. Des bénévoles distribuent de la nourriture et des kits de survie à ceux qui n’osent plus sortir de chez eux, de peur d’être interpellés. La situation est si tendue que certains élus démocrates parlent d’un « climat de guerre sociale », tandis que des militants pointent une stratégie de la peur destinée à dissuader les migrants de rester sur le sol américain. Des tensions commencent aussi à apparaître entre forces locales et agents fédéraux, certaines polices municipales refusant de coopérer avec les opérations de l’ICE.
Pourquoi Trump fait ça maintenant ?
Donald Trump, en campagne pour retrouver la Maison Blanche, fait de l’immigration un thème central de sa rhétorique. En ciblant les migrants et en promettant une « Amérique plus sûre », il espère galvaniser sa base électorale. Mais le recours à l’armée contre des manifestants civils, sans coordination avec les autorités locales, soulève une vague de critiques, jusque dans les rangs républicains. Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, dénonce une « dérive autoritaire » et a engagé une action en justice contre le gouvernement fédéral.
Cette crise migratoire prend une tournure explosive car elle ne concerne pas seulement la politique d’immigration, mais la place des minorités, l’État de droit et la démocratie américaine elle-même. Peut-on déployer l’armée contre ses propres citoyens ? Les migrants sont-ils devenus des boucs émissaires électoraux ? Jusqu’où ira Donald Trump pour sécuriser un second mandat ? Autant de questions brûlantes, alors que les images d’émeutes, d’enfants arrêtés, et de soldats armés dans les rues circulent sur toutes les plateformes sociales.
