Alors que la situation au Moyen-Orient s’enflamme, Donald Trump a brusquement quitté le sommet du G7, réfutant tout lien avec une tentative de trêve. Une décision qui illustre les fractures croissantes entre les grandes puissances face au conflit Israël-Iran.
Le sommet du G7, organisé cette année en Italie, devait initialement se concentrer sur la transition énergétique, l’intelligence artificielle et les tensions commerciales avec la Chine. Mais le conflit explosif entre Israël et l’Iran a pris le dessus sur tous les dossiers, imposant l’urgence géopolitique au cœur des discussions.
Dans la nuit, l’Iran a lancé une série de frappes de missiles sur le territoire israélien, visant notamment la région de Tel-Aviv. Trois civils ont été tués selon les autorités israéliennes. La réponse de l’État hébreu ne s’est pas fait attendre : le ministre de la Défense a promis que « les habitants de Téhéran paieront le prix ». Face à cette escalade sans précédent entre deux puissances régionales, les membres du G7 se sont réunis en urgence pour envisager une réponse coordonnée. Mais l’unité a vite volé en éclats.
Trump claque la porte et recadre Macron
Peu après qu’Emmanuel Macron a évoqué publiquement une « offre de cessez-le-feu » en cours de discussion entre plusieurs États, Donald Trump a pris l’avion pour Washington, sans attendre la fin du sommet. Un départ précipité, qui a semé le trouble dans les chancelleries européennes. Sur son réseau Truth Social, Trump a tenu à rétablir sa version des faits : « Faux ! Macron n’a aucune idée de la raison pour laquelle je suis actuellement en route vers Washington. C’est bien plus important que cela. » Interrogé ensuite dans l’avion présidentiel, Trump a précisé que le conflit au Moyen-Orient était l’un de ses dossiers prioritaires, mais a balayé toute possibilité d’une médiation immédiate : « Il n’y a pas de cessez-le-feu en vue. Ce n’est pas le moment pour la faiblesse. » Ce désaveu public d’Emmanuel Macron accentue les tensions entre Paris et Washington, alors même que les capitales européennes espéraient jouer un rôle d’intermédiaire entre Israël et l’Iran.
Depuis son retour sur le devant de la scène politique, Donald Trump affiche une posture intransigeante vis-à-vis de l’Iran. Ce retrait prématuré du G7 pourrait bien marquer le retour d’une diplomatie unilatérale américaine, déjà amorcée sous sa première présidence avec le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018.
Selon plusieurs analystes, Trump cherche à :
- Renforcer son image de « commandant en chef fort » dans la perspective de l’élection présidentielle.
- Dissuader l’Iran de toute nouvelle attaque contre Israël.
- Envoyer un message aux alliés européens : les États-Unis ne veulent plus de demi-mesures diplomatiques.
« Trump agit comme s’il était déjà président. Il place ses pions sur l’échiquier international, tout en alimentant son récit de fermeté », analyse Dana Alloush, chercheuse en relations internationales, dans Foreign Policy Weekly.
Une fracture diplomatique au sein du G7
Le départ de Trump a laissé un vide dans les discussions du G7, et exacerbé les désaccords entre membres. Tandis que la France, le Canada et l’Allemagne appellent à une trêve immédiate et à une reprise du dialogue, les États-Unis adoptent un ton plus martial, alignés sur la défense inconditionnelle d’Israël. Ce climat de division rend toute médiation multilatérale quasi impossible à court terme. Et pourtant, les conséquences d’une guerre ouverte Israël-Iran seraient catastrophiques :
- Déstabilisation totale de la région.
- Risque de conflits par procuration en Syrie, au Liban ou en Irak.
- Flambée des prix du pétrole.
- Vague migratoire vers l’Europe.
Une communication politique soigneusement orchestrée
En quittant le G7 avec fracas et en s’opposant frontalement à Macron, Trump soigne son image auprès de son électorat conservateur, tout en se positionnant comme l’homme fort face à l’Iran. Cette stratégie est bien rodée : détourner l’attention du sommet international pour imposer son propre agenda sur les chaînes américaines. « Il ne s’agit pas d’un caprice. C’est un calcul médiatique, calibré pour faire le buzz et marquer les esprits », analyse Thomas Gomart, directeur de l’IFRI.
Pendant que les grandes puissances se divisent, le terrain, lui, continue de brûler. L’armée israélienne a renforcé ses frappes dans le sud du Liban, et des drones iraniens ont été repérés au-dessus de la frontière jordanienne selon des médias locaux. Le risque d’un embrasement régional n’a jamais été aussi élevé, et la diplomatie semble paralysée. Le retrait de Trump du G7 symbolise l’absence d’une voix commune dans une crise qui menace bien au-delà du Moyen-Orient.