L’ancien Premier ministre François Fillon a été condamné par la cour d’appel de Paris à quatre ans de prison avec sursis, 375 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de son épouse Penelope. Un épilogue judiciaire majeur dans une affaire qui avait bouleversé la campagne présidentielle de 2017.

La cour d’appel de Paris a rendu sa décision ce lundi 17 juin : François Fillon est condamné à quatre ans de prison avec sursis, assortis d’une amende de 375 000 euros et de cinq ans d’inéligibilité. Cette peine, prononcée pour détournement de fonds publics, escroquerie et recel, vient confirmer une lourde responsabilité pénale. Toutefois, aucun aménagement de peine avec bracelet électronique n’a été retenu, ce que son avocat Me Lévy a accueilli comme un soulagement. « Je crois qu’il y a une forme de lassitude, depuis bien longtemps, avec tous les rebondissements de cette affaire, et naturellement une forme de soulagement de savoir que le bracelet ne sera pas appliqué », a-t-il déclaré, précisant que François Fillon avait été informé par téléphone.

Lors de l’audience du 29 avril dernier, l’avocat général avait pourtant requis une peine encore plus sévère : quatre ans de prison avec sursis, une amende de 375 000 euros et dix ans d’inéligibilité — une réquisition identique à celle de mai 2022, à l’exception notable de l’année de prison ferme initialement infligée. Le jugement de ce 17 juin maintient la sanction pécuniaire. Outre les amendes, les trois prévenus – François Fillon, son épouse Penelope Fillon et son ancien suppléant Marc Joulaud – devront solidairement rembourser 800 000 euros à l’Assemblée nationale. « François Fillon a commencé à “rendre l’argent”, comme le réclamait le slogan devenu populaire pendant la campagne 2017 », a rappelé la cour, précisant qu’un échéancier de remboursement avait été mis en place.

« La preuve d’un travail salarié » non établie

Au cœur de l’affaire : l’emploi présumé fictif de Penelope Fillon comme assistante parlementaire entre 1998 et 2013. D’après les juges, il n’a pas été démontré que ce poste ait correspondu à une activité réelle. « La cour a estimé que n’était pas rapportée dans le dossier la preuve d’un travail salarié », a ainsi résumé le président en rendant la décision. Ce constat a également conduit à la condamnation de Penelope Fillon à deux ans de prison avec sursis, 375 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité. Marc Joulaud, l’ancien suppléant de François Fillon à l’Assemblée nationale, a pour sa part écopé de trois ans de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende.

L’éclatement de l’affaire, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2017, avait profondément bouleversé la campagne. Révélée par Le Canard enchaîné, l’enquête avait mis en lumière plus de 600 000 euros de salaires versés à Pénélope Fillon sans preuves d’activité. François Fillon, alors candidat favori à droite, avait maintenu sa candidature malgré les appels au retrait, dénonçant un « coup d’État institutionnel ». Il finit éliminé dès le premier tour, laissant Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronter au second.

Depuis, l’ex-Premier ministre s’est retiré de la vie politique, travaillant dans le privé. Mais cette condamnation vient sceller l’une des plus grandes chutes d’un homme politique de la Cinquième République. Son avenir politique est désormais compromis, d’autant que la peine d’inéligibilité reste lourde : cinq ans.

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner
Exit mobile version