Les 24 et 25 juin 2025, l’OTAN tient son sommet à La Haye dans un contexte particulièrement tendu. La guerre en Ukraine se poursuit, les tensions au Moyen-Orient montent, et de nombreux membres (dont les États-Unis sous l’ombre du retour de Trump) appellent à une relance de l’engagement allié. Au centre de cette dynamique se trouve Mark Rutte, secrétaire général de l’organisation, jonglant entre la pression pour renforcer rapidement la défense collective — avec un objectif inédit de 5 % du PIB en dépenses militaires — et la nécessité de maintenir l’unité des 32 États membres. Ce sommet s’annonce comme un « test de résilience » pour l’Alliance Atlantique.

Rutte en cheville avec Washington, relance financière et renforcement militaire

Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays‑Bas devenu secrétaire général de l’OTAN, œuvre activement pour replacer l’alliance au cœur de la stratégie globale face à des menaces multiples. Il prône un double objectif : augmenter les budgets de défense à 5 % du PIB — bien au-delà des 2 % minimum actuels — et renforcer la coopération entre États membres dans l’infrastructure, la cybersécurité et le soutien à l’Ukraine.

Rutte a aussi déployé ses talents diplomatiques pour persuader Washington, notamment en cultivant ses relations aux États-Unis. L’administration Trump, pressée de consacrer des efforts plus visibles à la défense européenne, pourrait accepter une plus grande implication américaine si l’Europe en fait autant. À La Haye, Rutte pourrait annoncer des livraisons de matériel, des exercices multinationaux et des pactes industriels permanents entre membres (France‑Allemagne, etc.).

Cependant, ce plan ambitieux rencontre des résistances : l’Espagne est pour l’instant le seul pays à s’y opposer, se montrant réticente à s’engager dans une telle escalade militaire . Pour Rutte, le sommet est l’occasion d’y répondre par des compromis : calendrier de montée en puissance, projets communs de surveillance et formation, pour sortir d’une alliance parfois décriée dans le public comme « périmée ».

Tensions sur le terrain : Ukraine, Moyen‑Orient, cohésion interne

e sommet se tient au moment où l’Ukraine continue de résister, mais avec des besoins urgents en armement lourd et défense aérienne. Du côté de l’OTAN, on évoque une livraison conjointe de blindés et de missiles ATACMS, coordonnée pour alléger la part américaine et encourager l’indépendance européenne — ambitions chères à Rutte .

À l’autre bout du monde, la crise au Moyen‑Orient, liée aux frappes israéliennes et aux contre‑attaques iraniennes, ajoute une complexité supplémentaire. L’OTAN s’efforce d’éviter un embrasement de grande ampleur, notamment en surveillant le détroit d’Hormuz, essentiel pour le pétrole mondial dont le prix s’est déjà envolé à plus de 75 $ le baril . Le sommet pourrait également évoquer la protection des convois maritimes stratégiques, un sujet cher à Rutte, alors que la Turquie, la Grèce et la Norvège ont des responsabilités clés dans cette zone.

À l’interne, la montée des nationalismes rend l’unité difficile à maintenir. Les débats sur le budget, la cyberdéfense et les missions extérieures reflètent la défiance de l’opinion publique dans certains pays. Le sommet de La Haye sera d’abord jugé à l’aune de la solidarité réelle affichée entre alliés : une promesse de Rutte, mise à rude épreuve dans un climat d’incertitudes économiques et géopolitiques.

Le sommet de l’OTAN à La Haye est plus qu’un simple rassemblement annuel : c’est un moment charnière dans la trajectoire stratégique de l’alliance. Sous la houlette de Mark Rutte, l’OTAN s’efforce de redéfinir ses priorités, en plaçant la barre très haut — 5 % du PIB en dépenses militaires, coopération renforcée, soutien à l’Ukraine et vigilance au Moyen‑Orient.

L’enjeu dépasse la simple performance militaire : il concrétise la question de la crédibilité de l’OTAN, de son influence sur l’équilibre mondial, et de sa capacité à affronter des crises interconnectées. Si Rutte décroche un engagement crédible et solidaire, le sommet sera considéré comme un succès. Dans le cas contraire, l’alliance pourrait apparaître désunie face aux défis d’une ère géopolitique en mutation rapide.


 
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