À quatre mois du sommet COP30 qui se tiendra à Belém, au Brésil, l’avertissement retentit désormais comme une alarme planétaire : le monde est en retard dans ses engagements climat. Sous la houlette de la présidence brésilienne, un sentiment d’urgence s’installe face à un constat implacable : seulement 30 des 200 pays attendus ont soumis leurs nouvelles contributions nationales (NDC), alors que l’objectif de contenir le réchauffement à 1,5 °C est désormais fragilisé.
Le climatologue Ana Toni, directrice exécutive de COP30, n’a pas mâché ses mots : « Le climat est notre plus grand champ de bataille », lançant un appel à des engagements concrets, financiers et transparents . L’événement de Bonn, tenu en juin, devait préparer le terrain : nouveaux plans à finaliser, appui technique renforcé, et mise en place du Gender Action Plan sous l’égide de l’UNFCCC. Seul bémol : les négociations ont souffert de blocages persistants, notamment autour de l’adaptation et de la justice sociale.
Des avancées techniques… mais une diplomatie en panne
Le rendez-vous de Bonn (SB62) a certes permis d’inaugurer des outils indispensables : le « Facilitative Multilateral Consideration of Progress » (FMCP) pour suivre la mise en œuvre des engagements, et un renforcement de la transparence via l’Enhanced Transparency Framework. Ces dispositifs, premiers jalons du processus, offrent un cadre pour aligner stratégies nationales et responsabilités climatiques.
Pourtant, ce progrès technique masque un blocage diplomatique : deux semaines de négociations ont révélé un fossé béant entre pays riches et en développement. Le financement climat reste un point de friction principal : les pays du Sud dénoncent l’inefficacité des promesses de dons, la lenteur d’accords concrets, et la faiblesse des engagements en matière d’adaptation et de pertes et dommages . Les discussions sur une « transition juste » et le soutien aux travailleurs sont restées inachevées, frôlant le statu quo ; les pressions pour rompre ce cycle avant la COP30 à Belém se renforcent.
Montée du thermomètre, pression médiatique et regard des ONG
La pression monte, amplifiée par des phénomènes climatiques extrêmes qui frappent déjà l’Europe : pendant que le sommet se prépare, la première vague de chaleur majeure de l’été 2025 balaie le continent, avec des pointes à 42 °C en Espagne, France ou Italie. Les populations sont confrontées à des urgences sanitaires qui soulignent l’impasse des actions actuelles.
Parallèlement, les ONG et acteurs de la société civile montent au créneau. Amnesty International alerte sur les risques graves en termes de droits humains : sécurité alimentaire, évictions climatiques, inégalités exacerbées – tout cela découle directement des retards dans la transition écologique .À Bonn, la mobilisation citoyenne a gagné en intensité, poussant les diplomates à envisager des scénarios de réformes structurelles, non seulement pour la COP30, mais pour la pérennité du processus onusien, dont la présidence se montre consciente des attentes accrues.
À l’aube de la COP30 à Belém, la rédaction d’un chapitre décisif pour l’humanité est en jeu. Seule une mobilisation immédiate, coordonnée et audacieuse — tant dans les textes que dans les engagements financiers — pourra relancer l’élan entamé avec l’Accord de Paris. Entre exigences techniques, manques diplomatiques et pression des catastrophes climatiques, le rendez-vous de décembre doit permettre un véritable tournant.
COP30 pourrait incarner le moment où les mots se transforment en actes : des plans nationaux ambitieux intégrant adaptation, financement, équité, et justice sociale ; des solutions concrètes pour les pays les plus vulnérables ; et une mobilisation inédite des dirigeants du Nord. Le monde regarde, impuissant parfois mais toujours vigilant. Et maintenant, l’heure est venue d’agir — vite, ensemble, durablement.