Malgré la canicule, plusieurs milliers de soignants libéraux manifestent à Paris ce mardi 1er juillet. En cause : des coupes budgétaires dans la santé, la baisse envisagée des marges sur les génériques, et le gel des revalorisations tarifaires. Une mobilisation d’ampleur inédite depuis la crise du Covid.
À l’appel de treize organisations représentatives, les professionnels de santé libéraux manifestent ce mardi à Paris, depuis la place des Invalides jusqu’au ministère de la Santé. Médecins généralistes, infirmiers, kinés, orthophonistes, sages-femmes et pharmaciens dénoncent ce qu’ils considèrent comme une série de mesures budgétaires pénalisantes pour leurs professions.
Malgré les conditions extrêmes — avec des températures frôlant les 40°C en Île-de-France — le cortège a été maintenu. Cette date n’a pas été choisie au hasard : elle coïncide avec une période de négociation autour des conventions professionnelles et des orientations budgétaires de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM).
Baisse des marges sur les génériques : une mesure très contestée
Parmi les points les plus controversés figure la réforme annoncée des remises accordées aux pharmaciens sur les médicaments génériques. Le projet vise à abaisser le plafond de ces remises, actuellement de 40 %, à un taux compris entre 20 et 25 %. Les syndicats estiment que cette mesure représenterait une perte de revenus estimée à environ 600 millions d’euros pour les officines. Pour les pharmaciens, cette évolution pourrait fragiliser des centaines d’établissements, notamment en zones rurales, déjà exposés aux pénuries de médicaments et aux tensions sur les coûts de fonctionnement.
Les autres professions mobilisées dénoncent le gel des revalorisations des actes médicaux et paramédicaux, dans un contexte où la charge administrative s’alourdit, les conditions d’exercice se complexifient et les coûts augmentent. De nombreux actes restent rémunérés sur la base de tarifs définis il y a plusieurs années, sans prise en compte de l’inflation ni des évolutions du métier. Les syndicats demandent des hausses immédiates des honoraires pour plusieurs actes de base, ainsi qu’une révision des conventions actuelles jugées obsolètes.
Une circulaire à l’origine de la rupture
La colère des soignants libéraux s’est intensifiée après la diffusion d’une circulaire de la CNAM en date du 3 juin 2025, encadrant plus strictement la facturation de certains actes infirmiers, notamment les perfusions. Plusieurs syndicats d’infirmiers ont dénoncé cette décision comme un recul de leur autonomie professionnelle et ont suspendu leur participation aux négociations conventionnelles.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte plus large de fragilisation de la médecine libérale. Faute de revalorisation, de nombreux professionnels expriment leur inquiétude quant à l’avenir de leurs cabinets et à l’attractivité de leur secteur. Dans certaines zones rurales ou périurbaines, les fermetures d’officines, de cabinets de kiné ou de médecins généralistes se multiplient, accentuant les difficultés d’accès aux soins pour les patients.
Les organisations syndicales à l’origine du mouvement réclament :
- le retrait du projet de baisse des remises sur les génériques,
- l’ouverture rapide de négociations tarifaires,
- la reconnaissance du rôle des soignants libéraux dans la continuité des soins.
Pas d’annonces concrètes côté gouvernement
Interrogée dimanche sur France 3, la ministre de la Santé Catherine Vautrin a évoqué des « ajustements techniques » et indiqué que des discussions étaient en cours avec les représentants des professions. Elle n’a cependant pas annoncé de retrait ou de gel de la réforme en cours.
Le gouvernement mise sur un dialogue progressif, alors que les professionnels de santé libéraux attendent des engagements clairs et rapides. En l’absence de réponse, plusieurs syndicats évoquent déjà de nouvelles actions à la rentrée.