Un jeune homme de 18 ans a été interpellé à Saint-Étienne alors qu’il s’apprêtait à attaquer des femmes au couteau. Une enquête antiterroriste a été ouverte. Cette affaire marque la reconnaissance officielle d’une menace jusqu’ici ignorée en France : celle des incels, une mouvance en ligne ultra misogyne.

Le 1er juillet 2025, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a arrêté un étudiant de 18 ans à Saint-Étienne, soupçonné de préparer une attaque au couteau visant spécifiquement des femmes. Le suspect, inconnu des services de police, a été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime terroriste. Il a été placé en détention provisoire.

Selon le parquet national antiterroriste, le jeune homme adhérait aux idées du mouvement incel, contraction de « involuntary celibate » (célibataire involontaire), qui regroupe en ligne des hommes développant une haine profonde envers les femmes et, plus largement, contre les rapports sociaux jugés responsables de leur isolement affectif et sexuel.

Une idéologie née en ligne, nourrie par la haine et la frustration

Le mouvement incel, apparu dans les années 2010 sur des forums anglo-saxons, s’est peu à peu transformé en idéologie radicale misogyne. À travers des discours victimaires, certains adeptes justifient la violence contre les femmes ou contre les « normies », ces personnes perçues comme privilégiées car épanouies sur le plan affectif. Cette idéologie, très active sur certaines plateformes numériques, a déjà été liée à plusieurs attaques meurtrières en Amérique du Nord.

La France était jusqu’ici restée à l’écart de ce type de violence. L’interpellation de ce suspect marque un basculement dans la reconnaissance institutionnelle de cette radicalisation. Pour la première fois, un projet d’attentat motivé par une haine genrée est officiellement qualifié d’acte terroriste.

Une radicalisation solitaire, mais nourrie par les réseaux sociaux

Selon les premiers éléments de l’enquête, le suspect évoluait seul, mais fréquentait activement des communautés incels en ligne. Il aurait consulté, partagé et commenté des contenus violents ou haineux. Il aurait également planifié son passage à l’acte de manière autonome, sans lien direct avec une organisation structurée.

Ce mode opératoire, similaire à celui d’autres profils de radicalisés, repose sur un processus d’auto‑endoctrinement facilité par Internet. Il interroge directement la capacité des autorités à détecter des signaux faibles dans des espaces numériques souvent anonymes et opaques.

Une alerte pour les autorités françaises

L’arrestation du jeune homme a relancé le débat sur la prise en compte des violences idéologiques genrées dans la politique de sécurité intérieure. La ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes a réagi dans la foulée, appelant à une vigilance accrue face à la montée des discours masculinistes et à leur banalisation sur les réseaux sociaux.

Si des faits isolés avaient déjà été recensés — menaces, harcèlement, apologie de la violence — cette affaire est la première à être traitée comme une menace terroriste. Elle pourrait ouvrir la voie à une meilleure reconnaissance du terrorisme misogyne, déjà surveillé dans plusieurs pays anglo-saxons.

Un enjeu de prévention et de régulation numérique

Ce dossier met également en lumière les limites actuelles de la lutte contre la radicalisation numérique. Si les services de renseignement ont réussi à intervenir à temps, les professionnels de la sécurité appellent à un renforcement des moyens de veille sur les plateformes en ligne, où les discours de haine prospèrent. Au-delà du cas individuel, c’est un phénomène collectif et insidieux qui se dessine : des jeunes hommes, souvent isolés et en souffrance, exposés à des idéologies violentes, sans cadre ni repère. La prévention passe autant par une meilleure détection des contenus problématiques que par une éducation au numérique et au respect des droits humains.

Cette tentative d’attentat masculiniste constitue une alerte majeure pour les autorités françaises. Elle révèle l’émergence d’une forme de violence idéologique genrée, nourrie par des réseaux en ligne et susceptible de se traduire en actes criminels. Si aucune victime n’a été à déplorer, l’affaire pourrait marquer un tournant dans la façon dont la France identifie, traite et anticipe les menaces terroristes du XXIe siècle.

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