La rumeur semble loin de s’éteindre : Emmanuel et Brigitte Macron attaquent en justice l’influenceuse Candace Owens pour diffamation aux États-Unis.
Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont déposé, ce mercredi 23 juillet, une plainte en diffamation aux États-Unis contre l’influenceuse trumpiste Candace Owens, l’accusant d’avoir relayé et amplifié une fake news transphobe affirmant que Brigitte Macron serait « née homme ». Cette théorie conspirationniste, née en France il y a plusieurs années, a été relancée avec force à l’international par la militante d’extrême droite américaine à travers une série de vidéos intitulée « Becoming Brigitte ».
Qui est Candace Owens ?
Figure incontournable de la droite conservatrice américaine, Candace Owens s’est fait connaître à la fin des années 2010 pour ses prises de position radicales en faveur de Donald Trump, son rejet du mouvement Black Lives Matter, et sa critique virulente des élites progressistes. Ancienne démocrate convertie au conservatisme, elle incarne une nouvelle génération d’influenceuses politiques qui mêlent stratégie virale, propos polémiques et théories complotistes.
Animatrice d’un podcast populaire, présente sur tous les réseaux sociaux, elle s’est imposée comme une voix centrale de la mouvance trumpiste, n’hésitant pas à relayer de fausses informations pour servir un agenda idéologique. Sa série de vidéos “Becoming Brigitte” s’inscrit dans cette logique : créer le buzz, mobiliser sa communauté et décrédibiliser des figures publiques considérées comme “ennemies” du conservatisme mondial.
Une plainte déposée dans le Delaware
C’est devant un tribunal du Delaware que le couple présidentiel français a engagé les poursuites, réclamant des dommages et intérêts « exemplaires ». Leur objectif : marquer un coup d’arrêt à une campagne qu’ils jugent profondément diffamatoire et humiliante. Dans la plainte, leurs avocats accusent Candace Owens d’avoir sciemment diffusé des mensonges en connaissance de cause, dans le but de gagner en visibilité et monétiser sa notoriété. Owens, qui rassemble près de 7 millions d’abonnés sur X et 4,7 millions sur YouTube, n’aurait jamais tenu compte des demandes de retrait ou de rectification.
La plainte dénonce une « campagne de diffamation organisée », décrivant Owens comme l’une des principales figures de la propagation de cette infox. Dans ses vidéos, elle va bien au-delà de la rumeur initiale : elle affirme par exemple qu’Emmanuel Macron serait le résultat d’un programme de contrôle mental piloté par la CIA, qu’il aurait été lié à Jeffrey Epstein, ou encore que le couple présidentiel français serait lié par le sang. Autant d’éléments jugés fantaisistes, mensongers et profondément attentatoires à la dignité des plaignants.
Un vieux complot français relancé à l'international
Si cette théorie conspirationniste est bien connue des autorités françaises depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, sa portée était jusqu’ici limitée à certaines sphères complotistes, covido-sceptiques ou d’extrême droite sur les réseaux sociaux. Elle prétend que Brigitte Macron n’existerait pas, et que son frère, Jean-Michel Trogneux, aurait pris son identité après une transition de genre. Deux femmes, Natacha Rey et Amandine Roy, figures de cette désinformation, ont d’ailleurs été condamnées en première instance en septembre 2023 à verser des milliers d’euros de dommages et intérêts à la Première dame et à son frère. Cependant, la cour d’appel a relaxé les deux femmes le 10 juillet dernier, une décision contre laquelle Brigitte Macron et Jean-Michel Trogneux se sont pourvus en cassation.
Malgré cette procédure judiciaire inédite, Candace Owens ne montre aucun signe d’apaisement. Sur son compte X (ex-Twitter), elle a publié ce 24 juillet : “Les Macron ne poursuivent pas des journalistes à l’autre bout du monde parce que nous avons menti.” Une manière d’assumer pleinement sa stratégie de provocation, déjà bien connue dans le paysage médiatique américain où elle défend régulièrement les positions les plus radicales de la droite trumpiste.
Cette affaire dépasse le simple cadre d’un litige en diffamation. Elle pose la question de la portée des lois françaises à l’international, et du pouvoir d’influence des réseaux sociaux dans la propagation des fake news, en particulier lorsqu’elles visent des personnalités publiques de premier plan. Pour Emmanuel et Brigitte Macron, cette procédure vise à reprendre la main sur leur image face à une rumeur qui a pris une ampleur mondiale. Mais elle marque aussi une volonté politique plus large de combattre les dérives numériques et les campagnes de désinformation orchestrées depuis l’étranger.