La ville de New York a été le théâtre d’un drame glaçant ce lundi 29 juillet. Un homme armé d’un fusil d’assaut a pénétré dans le gratte-ciel du 345 Park Avenue, en plein Midtown Manhattan, et a ouvert le feu, faisant quatre morts et un blessé grave. L’assaillant, identifié comme Shane Devon Tamura, 27 ans, s’est ensuite donné la mort sur les lieux.
Une attaque en plein cœur de Manhattan
Ce mardi matin, le maire de New York, Eric Adams, a confirmé ce que redoutaient les enquêteurs : « Nous avons des raisons de croire qu’il visait la NFL », a-t-il déclaré lors d’un point presse. Le 345 Park Avenue n’est pas n’importe quel immeuble : il abrite le siège mondial de la National Football League (NFL). Tamura, originaire de Las Vegas, y serait entré armé d’un fusil semi-automatique de type M4, d’un revolver et de plusieurs chargeurs. Il portait également une veste pare-balles et une casquette vissée sur le crâne.
Dans les heures qui ont suivi la fusillade, les enquêteurs ont découvert dans sa voiture et sur son corps plusieurs documents écrits à la main, dont une lettre de plusieurs pages dans laquelle il accuse la NFL d’avoir « ruiné sa vie », l’accusant de ne pas reconnaître la gravité des séquelles mentales subies par d’anciens joueurs. Il y évoque notamment la CTE, l’encéphalopathie traumatique chronique, une maladie cérébrale dégénérative liée aux chocs répétés à la tête, bien connue dans les milieux du football américain.
Selon le Washington Post et ABC News, Tamura demande dans cette lettre que son cerveau soit étudié après sa mort. Il y décrit des symptômes de paranoïa, d’agressivité, de troubles du sommeil, de perte de mémoire, et évoque sa conviction d’avoir été « abandonné par un système qui protège les riches et oublie les joueurs oubliés ». Les autorités confirment que Tamura n’a jamais joué en NFL, mais aurait évolué dans les divisions inférieures jusqu’à l’âge de 22 ans avant de disparaître des radars.
Un ancien joueur obsédé par la CTE et la "trahison" de la ligue
Le déroulé des faits laisse peu de doute sur la préméditation. Tamura a traversé les États-Unis en voiture depuis le Nevada, passant par le Colorado et le Nebraska, avant de s’installer dans un hôtel à proximité du 345 Park Avenue deux jours avant l’attaque. Selon le commissaire du NYPD, il aurait effectué des repérages sur place et choisi une heure d’affluence pour agir.Mais selon le maire Adams, c’est une erreur d’ascenseur qui a empêché l’assaillant de rejoindre les étages où se trouvent les bureaux de la NFL. Il est monté au 33e étage, occupé par une société immobilière, Rudin Management, où il a commencé à tirer sur des employés présents dans une salle de réunion. Parmi les victimes figurent trois salariés de cette entreprise, ainsi qu’un agent de sécurité du NYPD en service privé. Une cinquième personne a été blessée avant que Tamura ne retourne l’arme contre lui.
Les autorités ont rapidement sécurisé l’immeuble, où travaillent des centaines d’employés, et mis en place une cellule d’urgence psychologique. Dans l’après-midi, le porte-parole de la NFL a publié un communiqué indiquant que la ligue était « profondément attristée » par la tragédie, et qu’elle « coopérait pleinement avec les forces de l’ordre ». Le profil de l’assaillant se précise. Tamura avait été hospitalisé à deux reprises pour troubles mentaux ces trois dernières années, selon les archives médicales consultées par la police. Il souffrait de crises d’angoisse, de délires paranoïdes, et aurait été interné brièvement en 2024 dans une clinique psychiatrique du Nevada. Pourtant, il détenait un permis de port d’arme valide, délivré en 2022.
Dans ses écrits, il affirme avoir « vécu dans le noir » depuis sa sortie du football, et fait allusion à un isolement extrême, une rupture familiale, et une obsession croissante envers les responsabilités de la NFL, qu’il accuse de « détruire des vies pour du profit ». Il évoque aussi le souvenir de plusieurs anciens joueurs s’étant donné la mort après des années de souffrance psychologique, notamment Junior Seau et Dave Duerson, deux figures bien connues des débats sur la CTE. Ce drame intervient dans un contexte de recrudescence des fusillades de masse aux États-Unis, et relance le débat sur le lien entre sport professionnel, santé mentale, et responsabilité institutionnelle. Il pose aussi la question des signaux d’alerte ignorés, alors que Tamura avait manifestement planifié son geste depuis plusieurs semaines.
Le commissaire de police de New York, Jessica Tisch, a déclaré que les forces de l’ordre poursuivaient l’analyse de ses carnets et de son historique numérique, tout en confirmant qu’il n’existait aucun complice identifié à ce stade. Du côté des autorités locales, le maire Adams a exprimé sa consternation : « Nous avons échappé de peu à un carnage plus grand encore. Il visait un symbole de l’Amérique contemporaine. »