Laurent Vallet, président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) depuis 2015, a été suspendu de ses fonctions par la ministre de la Culture Rachida Dati.
Il a été interpellé fin juillet à Paris après s’être fait livrer de la cocaïne à son domicile. L’affaire, révélée par plusieurs médias, a conduit à l’ouverture d’une procédure d’injonction thérapeutique.
Une interpellation sur fond d’opération de police
Les faits se sont déroulés le 29 juillet 2025 dans la capitale. Ce jour-là, la brigade anticriminalité (BAC) de Paris menait une filature ciblant un jeune homme de 17 ans soupçonné de trafic de stupéfiants. Les policiers l’ont suivi jusqu’à la cour intérieure d’un immeuble situé dans la capitale.À sa sortie, le mineur a été interpellé et trouvé en possession de 600 euros en liquide. Selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP, l’adolescent a expliqué qu’il venait de livrer de la cocaïne à un « ami » rencontré auparavant.
Cet « ami » n’était autre que Laurent Vallet, président de l’INA.Face aux forces de l’ordre, ce dernier a reconnu les faits et remis spontanément la drogue aux policiers. D’après les premières constatations, il s’agirait d’une première interpellation pour ce type d’infraction. Le parquet a donc décidé de l’orienter vers une injonction thérapeutique, dispositif qui permet d’accompagner médicalement les consommateurs de drogues au lieu d’opter directement pour une sanction pénale.
Suspension immédiate décidée par Rachida Dati
L’affaire est rapidement remontée jusqu’à la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui a annoncé la suspension du président de l’INA ce mardi après-midi 12 août. « Ayant pris connaissance par la presse de la mise en cause du président de l’INA dans une affaire d’achat de stupéfiants, j’ai décidé, pour la sérénité de l’institution, de le suspendre immédiatement de ses fonctions en attendant de plus amples informations », a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter). Cette suspension prend effet immédiatement et reste en vigueur jusqu’à ce que la justice ait statué ou que des décisions administratives supplémentaires soient prises.
Dans un communiqué transmis par l’INA, Laurent Vallet a déclaré : « Je prends acte de cette décision, pleinement respectueuse de l’institution que je dirige. » Il précise que cette suspension a été prononcée « en vue de l’audience à laquelle je suis convoqué début septembre au tribunal judiciaire de Paris pour une injonction thérapeutique ».Le dirigeant a également reconnu la gravité de ses actes : « J’ai conscience du caractère à tous égards néfaste et condamnable de la consommation de stupéfiants. J’ai mis en place le dispositif indispensable visant à y mettre un terme définitif et me soumettrai à toute obligation que la justice estimera nécessaire. »
Qui est Laurent Vallet ?
Polytechnicien et énarque, Laurent Vallet dirige l’INA depuis 2015, après avoir été à la tête du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). À l’INA, il a piloté la modernisation de la plateforme numérique et renforcé la mission de conservation et de valorisation des archives audiovisuelles françaises.Son rôle est stratégique : l’INA est un établissement public de référence, garant de la mémoire audiovisuelle nationale, qui gère des millions d’heures de programmes radio et télé, ainsi que des productions originales. L’affaire prend donc une dimension particulière car elle touche une personnalité à la tête d’une institution publique placée sous la tutelle directe du ministère de la Culture.
L’injonction thérapeutique à laquelle Laurent Vallet a été orienté est une mesure alternative aux poursuites prévue par le Code de la santé publique. Elle permet de substituer un suivi médical et psychologique à une sanction pénale, à condition que la personne interpellée accepte ce dispositif et s’engage à cesser toute consommation. Laurent Vallet devra se présenter début septembre devant le tribunal judiciaire de Paris pour formaliser cette mesure. S’il ne respecte pas les obligations imposées, le parquet pourra décider de reprendre les poursuites pénales. En attendant, l’INA est dirigé par intérim, et Rachida Dati a assuré que la continuité des missions de l’établissement ne serait pas affectée.