Le Hamas a annoncé accepter la dernière proposition de trêve soumise par le Qatar et l’Égypte. Une décision qui pourrait ouvrir la voie à un cessez-le-feu de 60 jours dans la bande de Gaza, accompagné d’une libération progressive d’otages. Mais Israël, soutenu par les États-Unis, pose toujours des conditions strictes à la mise en œuvre d’un accord.
Le Hamas accepte la proposition du Qatar et de l’Égypte
C’est une annonce qui aurait pu marquer un tournant dans la guerre qui déchire Gaza depuis des mois. Ce lundi, un haut responsable du Hamas a déclaré à l’AFP que le mouvement islamiste avait « remis sa réponse aux médiateurs, et confirmé qu’il acceptait la nouvelle proposition de cessez-le-feu sans demander de modifications ». Cette médiation, portée par le Qatar et l’Égypte, vise à instaurer une pause dans les combats afin de soulager une population civile épuisée par les bombardements et la crise humanitaire.
Le Caire a immédiatement transmis la réponse du Hamas à Israël. Les autorités égyptiennes ont insisté sur la nécessité d’une désescalade rapide et averti que « la balle est désormais dans le camp israélien ». Le Qatar, également impliqué dans les discussions depuis plusieurs mois, s’est félicité de cette acceptation et a appelé toutes les parties à saisir « une chance réelle de mettre fin aux souffrances ». Cette ouverture du Hamas intervient après plusieurs cycles de négociations interrompus, marqués par des désaccords persistants sur la question des otages et des conditions sécuritaires. Mais malgré cette annonce, l’accord reste loin d’être conclu.
Israël campé sur sa ligne rouge : les otages avant tout
Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a répété la semaine dernière que son gouvernement n’accepterait « qu’un accord dans lequel tous les otages seront libérés en une seule fois et selon nos conditions pour mettre fin à la guerre ». Une déclaration ferme, destinée à rassurer l’opinion israélienne, traumatisée par la prise d’otages massive survenue lors des attaques du Hamas.
Selon Tel-Aviv, environ 120 personnes – militaires et civils – seraient toujours retenues dans la bande de Gaza. Pour Israël, accepter une trêve sans leur libération immédiate reviendrait à offrir au Hamas une opportunité de se renforcer militairement et de reconstituer ses réseaux de commandement. Dans ce contexte, l’acceptation du Hamas, même perçue comme un geste positif, ne suffit pas à répondre aux exigences israéliennes. Le gouvernement israélien insiste sur une trêve qui ne soit pas un simple « répit tactique » mais un véritable désarmement progressif du Hamas.
La société israélienne reste profondément divisée sur la stratégie à adopter. Certaines familles d’otages exhortent le gouvernement à saisir l’opportunité d’un accord, quitte à accepter des concessions. D’autres soutiennent la fermeté de Nétanyahou, estimant qu’une libération partielle ou différée serait une victoire politique offerte au Hamas.
Les États-Unis accentuent la pression pour la destruction du Hamas
Les États-Unis, allié historique d’Israël, continuent de soutenir la ligne dure. Le président Joe Biden a déjà rappelé à plusieurs reprises que la libération des otages devait être une condition préalable à tout cessez-le-feu durable.Mais c’est surtout l’ancien président Donald Trump, redevenu une voix influente dans le débat, qui a enfoncé le clou. Sur sa plateforme Truth Social, il a affirmé : « Nous ne verrons le retour des otages restants que lorsque le Hamas sera confronté et détruit. Plus cela se produira rapidement, meilleures seront les chances de succès. »
Ce discours reflète la pression exercée par une partie de l’opinion américaine, convaincue que seule une victoire militaire sur le Hamas peut garantir la sécurité à long terme d’Israël. Dans le même temps, Washington est critiqué par plusieurs ONG et organisations internationales, qui rappellent l’urgence humanitaire à Gaza et appellent à un arrêt immédiat des hostilités. Les divergences entre médiateurs arabes et alliés occidentaux soulignent toute la complexité d’un accord. Là où le Qatar et l’Égypte insistent sur la nécessité d’une trêve rapide pour éviter l’effondrement sanitaire et humanitaire de Gaza, Israël et les États-Unis privilégient une logique militaire et sécuritaire.
Un cessez-le-feu encore incertain
En apparence, l’acceptation du Hamas représente un pas en avant. Mais sur le terrain diplomatique, rien n’est gagné. Israël n’a pour l’heure donné aucun signe d’assentiment. Le gouvernement répète qu’il n’acceptera pas un accord qui ne garantisse pas simultanément la sécurité de ses citoyens et la libération totale des otages. L’enjeu humanitaire demeure colossal. Selon l’ONU, plus de 80 % de la population de Gaza a été déplacée depuis le début du conflit. Les infrastructures médicales sont au bord de l’effondrement, et l’accès à l’eau, à l’électricité et aux soins reste gravement compromis.
La communauté internationale observe désormais avec attention la réponse d’Israël à la proposition transmise par l’Égypte. Si Tel-Aviv persiste à exiger des conditions jugées inacceptables par le Hamas, le spectre d’une prolongation des combats reste élevé.