Donald Trump a menacé dimanche 1er septembre le Hamas de « conséquences » s’il refusait de libérer les otages israéliens encore détenus à Gaza.
Le mouvement islamiste a répondu être prêt à négocier “immédiatement”. Cette séquence diplomatique intervient alors qu’Israël intensifie ses opérations militaires à Gaza-ville, au cœur d’un conflit qui dure depuis près d’un an.
Depuis Washington, le président américain Donald Trump a choisi la manière forte. Dans un message publié sur Truth Social, il a affirmé avoir transmis au Hamas un « dernier avertissement » concernant les captifs israéliens. « Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d’accepter également. J’ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus. Ceci est mon dernier avertissement, il n’y en aura pas d’autre ! », a écrit le chef de la Maison-Blanche.
Selon le site d’information Axios, son émissaire spécial Steve Witkoff a récemment présenté au Hamas, via un militant israélien pour la paix, une proposition visant à obtenir un accord global sur les otages et un cessez-le-feu. Le plan prévoit notamment la libération des captifs en échange d’un arrêt des opérations israéliennes et d’un engagement international à soutenir la reconstruction de Gaza. En plaçant son « sceau personnel » sur le dossier, Trump espère forcer le Hamas à céder, tout en apparaissant comme l’artisan incontournable d’un futur règlement régional.
Le Hamas se dit « prêt à négocier »
Quelques heures seulement après l’ultimatum américain, le Hamas a publié un communiqué confirmant avoir reçu des « idées » transmises par des médiateurs américains. Le mouvement islamiste s’est déclaré « disponible pour s’asseoir immédiatement à la table des négociations » afin de discuter de la libération des otages.
Mais cette ouverture est assortie de conditions : le Hamas réclame une déclaration claire de fin de la guerre, un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, ainsi que la formation d’un comité de Palestiniens indépendants pour administrer l’enclave. Ce comité, selon le projet du Hamas, devrait entrer en fonction sans attendre. Cette réponse marque un changement de ton, alors que jusqu’ici le mouvement affirmait que tout accord sur les otages devait être lié à un cessez-le-feu total et à la levée du blocus.
Le poids des familles d’otages en Israël
En Israël, la relance de ce dossier sensible a suscité l’espoir des proches de captifs. Le Forum des familles d’otages a salué « une véritable avancée » et qualifié l’implication directe de Trump d’« étape historique sans précédent ». « La garantie personnelle du président des États-Unis est un élément nouveau. Un tel accord favoriserait un règlement régional plus large, assurerait la libération de tous les otages et permettrait aux soldats et aux réservistes de rentrer chez eux », écrit le collectif.
Selon l’armée israélienne, 47 otages restent actuellement détenus dans la bande de Gaza, dont 27 présumés morts, sur un total de 251 personnes enlevées lors des attaques du 7 octobre 2023. La libération partielle d’otages lors de trêves temporaires, notamment en novembre 2023 et au printemps 2024, n’a jamais permis de régler la question dans son ensemble. La pression des familles sur le gouvernement Netanyahou est constante. Régulièrement, elles manifestent à Tel-Aviv ou devant la Knesset pour demander à l’exécutif d’accorder plus de place aux négociations, accusant parfois le Premier ministre de sacrifier les captifs à ses priorités militaires.
Netanyahou poursuit l’offensive à Gaza-ville
Pendant que la diplomatie s’active, la guerre continue. Dimanche, l’armée israélienne a bombardé et détruit une nouvelle tour d’habitation à Gaza-ville, la troisième en trois jours. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a annoncé une extension des opérations militaires dans ce secteur stratégique, affirmant vouloir « éliminer le dernier bastion du Hamas ». Selon l’armée, Israël contrôle désormais environ 40 % de Gaza-ville, mais de violents combats de rue se poursuivent dans plusieurs quartiers. L’ONU estime qu’près d’un million de personnes vivent encore dans et autour de Gaza-ville, malgré les destructions massives et l’exode d’une partie de la population vers le sud de l’enclave. Les frappes israéliennes continuent de provoquer des pertes civiles importantes. Des dizaines de blessés ont été signalés après la destruction de la tour d’habitation dimanche. Le Hamas accuse Israël de cibler délibérément les zones densément peuplées pour affaiblir la résistance.
L’ultimatum lancé par Trump et la réponse du Hamas montrent à quel point la question des otages est devenue centrale dans ce conflit. Pour Washington, un accord sur leur libération pourrait servir de point d’entrée vers un règlement plus large, incluant une trêve durable et peut-être un début de reconstruction de Gaza. Mais sur le terrain, la poursuite des opérations militaires rend toute avancée fragile. Israël veut conserver la pression maximale sur le Hamas, tandis que ce dernier utilise la carte des otages comme levier pour obtenir des concessions politiques. À ce stade, rien ne dit que les conditions posées par le Hamas — retrait israélien et transfert du pouvoir à un comité palestinien — soient acceptables pour le gouvernement Netanyahou. De leur côté, les États-Unis tentent d’imposer leur cadence, au risque de tendre encore davantage une situation explosive.
Une fenêtre diplomatique étroite
Près d’un an après les attaques du 7 octobre 2023, qui ont déclenché cette nouvelle guerre, la perspective d’un cessez-le-feu global reste incertaine. L’annonce de Trump a créé un électrochoc, mais le Hamas veut transformer l’ouverture en négociation politique.
Dans ce contexte, chaque partie joue sa survie politique :
- Trump, qui cherche à s’imposer comme médiateur décisif sur la scène internationale.
- Le Hamas, qui tente d’obtenir une reconnaissance implicite comme acteur incontournable.
- Netanyahou, sous pression de son opinion publique, qui veut démontrer sa fermeté tout en évitant une fracture avec Washington.
Les prochains jours diront si ce « dernier avertissement » marque le début d’un basculement diplomatique ou s’il restera un nouvel épisode dans un conflit sans issue immédiate.