Le Royaume-Uni est endeuillé après l’attentat qui a visé, jeudi 2 octobre, la synagogue d’Heaton Park, à Manchester.
L’attaque, survenue lors de la fête de Yom Kippour, a fait deux morts et trois blessés graves au sein de la communauté juive locale. L’assaillant, identifié comme Jihad Al-Shamie, 35 ans, citoyen britannique d’origine syrienne, a été abattu par les forces de l’ordre. L’événement, qualifié de terroriste par les autorités, a déclenché un choc profond dans le pays et au-delà, rappelant la montée inquiétante de l’antisémitisme en Europe.
Un assaillant abattu après une attaque d’une rare violence
Selon la police du Grand Manchester, l’attaque s’est produite peu après 9h30. Jihad Al-Shamie a dirigé son véhicule contre des fidèles rassemblés à l’extérieur de la synagogue, avant de sortir armé d’un couteau et de s’en prendre à plusieurs d’entre eux. « Sans le courage du personnel de sécurité et des fidèles présents, le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd », a précisé un communiqué officiel.
L’assaillant portait un gilet factice imitant un engin explosif, ce qui a contribué à semer la panique. Il a finalement été neutralisé sept minutes après l’appel d’urgence grâce à une intervention rapide des forces de l’ordre. Le premier bilan officiel fait état de deux morts, membres de la communauté juive locale, et trois blessés graves. L’un des fidèles a été poignardé, un autre renversé par le véhicule. Les circonstances de la troisième blessure restent encore floues.
Des témoins marqués par la scène
Le quartier de Crumpsall, au nord de Manchester, est resté sous le choc toute la journée. Un large périmètre de sécurité a été établi autour de la synagogue, où des habitants se sont spontanément rassemblés pour se recueillir. Chava Lewin, voisine du lieu de culte et témoin direct, a confié à l’agence PA : « J’ai vu l’homme frapper des gens à coups de couteau. Il s’en est pris à l’agent de sécurité et a tenté de forcer l’entrée de la synagogue. Quelqu’un a réussi à barricader la porte. Tout le monde était terrifié. » Ces témoignages nourrissent l’effroi et soulignent la vulnérabilité ressentie par de nombreuses communautés juives en Europe.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a pris la parole quelques heures après l’attentat, lors d’une intervention télévisée. Il a parlé sans détour d’attaque antisémite « Ce n’est pas une haine nouvelle. C’est une haine que les juifs connaissent depuis des générations. Mais elle ressurgit une fois de plus, et la Grande-Bretagne doit la vaincre une fois de plus. » Le gouvernement a activé le comité de crise Cobra, la cellule d’urgence la plus élevée du Royaume-Uni, réunissant ministres et responsables de la sécurité. Keir Starmer a annoncé le renforcement immédiat de la protection des synagogues et des écoles juives dans tout le pays, tout en promettant de lutter contre « l’idéologie de haine » derrière l’attaque. Le Premier ministre a également reconnu que son pays faisait face à une montée de l’antisémitisme qu’il juge « intolérable ». Selon lui, « s’attaquer aux juifs parce qu’ils sont juifs revient à attaquer l’ensemble des valeurs britanniques ».
Condamnations internationales et solidarité
Les condamnations ont rapidement afflué à l’international. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a dénoncé une « attaque barbare », tandis que son ministre des Affaires étrangères a accusé Londres d’avoir échoué à contenir la montée des actes antisémites. En France, Emmanuel Macron a réagi sur X, évoquant une « attaque terroriste antisémite ». Le ministère de l’Intérieur a demandé aux préfets de renforcer la protection des « lieux fréquentés par la communauté juive » dans l’Hexagone. Le roi Charles III s’est dit « profondément choqué et attristé ». Du côté des institutions internationales, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a exprimé son « horreur ».
Le Grand Manchester compte environ 28 000 juifs, selon l’Institute for Jewish Policy Research. C’est l’une des plus grandes communautés du pays. Depuis des années, elle se dit confrontée à des menaces récurrentes et vit sous haute surveillance. Pour le grand rabbin Ephraim Mirvis, ce drame était redouté : « C’est un jour que nous espérons ne jamais voir arriver, même si nous savions qu’il pourrait survenir. » Les organisations de protection communautaire rappellent que la quasi-totalité des synagogues britanniques disposent déjà de dispositifs de sécurité permanents, financés en partie par l’État. L’attentat de jeudi met cependant en lumière la difficulté à anticiper des attaques individuelles, menées par des assaillants isolés.
L’attaque de Manchester restera comme l’un des attentats les plus graves contre des juifs en Europe depuis le 7 octobre 2023. Elle pose une double urgence : répondre à la peur grandissante au sein des communautés juives, et prévenir l’installation d’une spirale de haine dans un pays où la diversité religieuse fait partie de l’identité nationale. Pour Keir Starmer, le défi est désormais clair : démontrer que le Royaume-Uni saura protéger ses citoyens face à la montée de l’antisémitisme, et qu’il ne cédera pas à la peur.