Après des années de débats, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rend son verdict : les ondes des téléphones portables ne provoquent pas le cancer selon les données scientifiques disponibles. Mais l’agence met en garde contre les usages précoces et intensifs, notamment chez les enfants, et appelle à la vigilance face à l’explosion des technologies comme la 5G.

C’est une conclusion très attendue. Dans un nouvel avis rendu public mercredi, l’Anses affirme qu’aucun lien de cause à effet n’a pu être établi entre les ondes des téléphones portables et l’apparition de cancers, après l’analyse de plus de 250 études scientifiques parmi les plus solides disponibles. « Ces données conduisent à ne pas établir de lien entre exposition aux ondes radio et cancer », résume l’agence, tout en appelant à ne pas relâcher la vigilance. Cet avis actualise les précédents travaux de l’Anses menés en 2013 et 2016, et s’appuie sur un millier de nouvelles études épidémiologiques et toxicologiques, notamment les programmes Mobikids et National Toxicology Program.

Des altérations cellulaires, mais sans conséquence durable

Certaines études expérimentales ont mis en évidence des altérations transitoires des cellules après exposition prolongée aux ondes, mais ces effets disparaissent une fois l’exposition interrompue. « Lorsque l’exposition s’arrête, les cellules se réparent et reviennent à leur état initial », explique Hanane Chanaa, coordonnatrice scientifique de l’expertise. 

Chez l’animal, les éléments de preuve restent « limités », et les études sur l’humain ne montrent aucun signal clair de risque cancérogène, précise Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses. « En agrégeant l’ensemble de ces données, nous ne pouvons pas établir de lien causal entre les ondes radio et le cancer. Mais il faut rester attentif aux petits signaux observés en laboratoire », souligne-t-il.

Une alerte sérieuse pour les enfants et adolescents

Si le téléphone portable n’est pas considéré comme un facteur de cancer, l’Anses insiste sur la nécessité d’une prudence renforcée chez les plus jeunes. « C’est une question de santé publique : tout le monde y est exposé, de plus en plus jeune, avec 98 % des plus de 12 ans qui utilisent un téléphone mobile », rappelle Olivier Merckel. Les enfants sont plus sensibles car leurs tissus cérébraux et leur système nerveux sont encore en développement. L’agence recommande donc de limiter la durée d’utilisation, d’éviter de coller le téléphone à l’oreille et de favoriser les appels en haut-parleur ou avec oreillettes.

De simples gestes peuvent réduire drastiquement l’exposition :

  • Téléphoner dans de bonnes conditions de réception ;
  • Éviter les appels longs et répétés ;
  • Ne pas dormir avec le téléphone à proximité immédiate ;
  • Privilégier les SMS et les appels en kit mains libres.

5G, antennes relais et nouveaux usages : une vigilance continue

Si l’alerte au cancer est écartée, l’Anses rappelle que l’exposition globale de la population a évolué. Les smartphones ne servent plus seulement à téléphoner : jeux, vidéos, réseaux sociaux, navigation GPS ou encore objets connectés augmentent la durée d’exposition quotidienne. De plus, l’arrivée de la 5G et la densification du réseau d’antennes relais soulèvent de nouvelles interrogations. « Les usages évoluent plus vite que la science, il faut donc maintenir une vigilance continue et un suivi régulier », insiste l’agence. L’Anses réclame notamment la mise en place effective des registres nationaux de cancers, prévus par la loi mais toujours sans décret d’application, afin de suivre plus finement l’impact sanitaire à long terme.

Certaines études récentes évoquent de possibles effets sur la fertilité masculine ou le fonctionnement cérébral, mais sans preuve concluante à ce stade. Ces travaux feront l’objet d’une nouvelle expertise scientifique en 2026.
En parallèle, l’Anses rendra dès janvier un rapport spécifique sur l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents, un autre sujet de préoccupation grandissant.

Ce qu’il faut retenir

  • Aucun lien prouvé entre ondes de téléphone et cancer selon les études actuelles.
  • Des effets cellulaires observés, mais réversibles.
  • Prudence renforcée pour les enfants et adolescents.
  • Nécessité d’un suivi scientifique régulier à l’ère de la 5G et de l’hyperconnexion.
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