À peine libéré après trois semaines passées à la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy vient d’être définitivement condamné dans l’affaire Bygmalion pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012. Une deuxième condamnation inscrite à son casier judiciaire — et un nouveau coup dur pour l’ancien chef de l’État, toujours aux prises avec la justice.
Une deuxième condamnation définitive pour l’ex-président
La Cour de cassation a tranché. Ce mercredi 26 novembre, elle a confirmé la condamnation prononcée en février 2024 par la cour d’appel de Paris : un an de prison dont six mois ferme, avec un aménagement de peine prévu sous la forme d’un bracelet électronique ou d’une semi-liberté. L’arrêt, qui ne juge pas le fond mais la bonne application du droit, clôt définitivement le volet judiciaire français de l’affaire Bygmalion, liée au dépassement massif des dépenses de campagne de 2012.
Selon le communiqué de la Cour, « le candidat, le directeur de sa campagne [Guillaume Lambert] et les deux directeurs du parti politique [Éric Cesari et Pierre Chassat] sont donc définitivement condamnés ». Nicolas Sarkozy sera convoqué dans les prochaines semaines par le juge de l’application des peines pour mettre à exécution sa sanction.
Une campagne à 43 millions d’euros pour un plafond de 22,5 millions
Au cœur du scandale : un système de double facturation orchestré par la société Bygmalion et l’UMP (devenue Les Républicains), qui a permis de masquer l’explosion des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy. Pour contourner le plafond légal de 22,5 millions d’euros, près de 43 millions auraient été dépensés, une partie imputée faussement au parti sous couvert de « conventions » fictives. Contrairement à plusieurs de ses co-prévenus, l’ancien chef de l’État n’était pas accusé d’avoir directement participé au système de fausses factures, mais d’en avoir bénéficié en tant que candidat.
Les juges ont estimé que sa responsabilité pénale était engagée du seul fait de sa position. Un argument que ses avocats contestent fermement : « Alors qu’il a été constaté qu’il n’a jamais eu personnellement connaissance du dépassement, la Cour considère néanmoins que sa seule qualité de candidat suffit pour qu’il en soit pénalement responsable », ont réagi Mes Patrice Spinosi et Emmanuel Piwnica dans un communiqué.
« Cette solution retenue contre Nicolas Sarkozy est une nouvelle fois inédite », soulignent-ils.
Un casier qui s’allonge
Cette nouvelle condamnation vient s’ajouter à celle de l’affaire Bismuth, dite « des écoutes », devenue définitive en décembre 2024. L’ancien président avait alors été condamné à un an de prison ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d’influence, après avoir tenté d’obtenir des informations confidentielles auprès d’un magistrat. Sarkozy, aujourd’hui âgé de 70 ans, avait purgé une partie de cette peine entre février et mai 2025 avant de bénéficier d’une libération conditionnelle anticipée, en raison de son âge. Mais l’enchaînement des dossiers judiciaires fragilise son image, alors même qu’il prépare sa défense dans le procès en appel de l’affaire libyenne, prévu entre mars et juin 2026, pour financement présumé de la campagne de 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi.
Cette décision de la Cour de cassation, attendue depuis plusieurs mois, marque un tournant symbolique. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, un ancien président cumule deux condamnations pénales définitives. Si Nicolas Sarkozy « prend acte » du rejet de son pourvoi, ses proches dénoncent une justice « acharnée ». « Il a toujours respecté les décisions rendues à son encontre, même quand elles sont injustes », plaide son entourage.Une posture qu’il devrait détailler dans son livre à paraître, Le Journal d’un prisonnier, annoncé pour décembre — un ouvrage désormais teinté d’une ironie involontaire, puisqu’il paraîtra quelques semaines après cette nouvelle condamnation.
“Le Journal d’un prisonnier” : entre introspection et opération réhabilitation ?
Dans ce livre très attendu, Nicolas Sarkozy promet de revenir sur ses conditions de détention à la prison de la Santé, ses réflexions sur la justice française, la politique, et « la solitude du pouvoir ». Mais pour certains observateurs, cet ouvrage pourrait surtout ressembler à une opération de reconquête de l’opinion, après une succession de revers judiciaires. D’autres y voient un témoignage rare sur la condition carcérale d’un ancien chef d’État, une expérience inédite dans l’histoire politique française.


