Votre armoire à pharmacie contient peut-être des médicaments qu’il vaudrait mieux ne plus toucher. Comme chaque année, la revue médicale indépendante Prescrire publie sa liste actualisée des médicaments “plus dangereux qu’utiles”. 

En 2026, 108 traitements y figurent, dont quatre nouveaux entrants. En cause : des effets indésirables graves, une efficacité insuffisante… ou une balance bénéfices-risques jugée défavorable. Smecta, Toplexil, Maxilase, Voltarène… autant de noms familiers, mais pas forcément inoffensifs. Chaque année, la revue Prescrire publie une analyse détaillée des médicaments vendus en France qui présentent plus de risques que d’efficacité réelle.
Pour 2026, 108 traitements ont été épinglés, dont quatre nouveaux ajoutés à la liste noire :

  • Andexanet alfa (Ondexxya°), utilisé à l’hôpital pour stopper les hémorragies graves,
  • Chondroïtine (Chondrosulf°), prescrit contre l’arthrose,
  • Fézolinétant (Veoza°), destiné à soulager les bouffées de chaleur de la ménopause,
  • Géfapixant (Lyfnua°), indiqué dans les cas de toux chronique.

Ces molécules s’ajoutent à de nombreux traitements déjà pointés du doigt pour leurs effets indésirables disproportionnés face à une efficacité jugée « faible, incertaine ou non démontrée ».« Ces quatre médicaments exposent à des risques sérieux sans avoir prouvé un bénéfice clinique réel », souligne la revue Prescrire, qui se veut totalement indépendante de l’industrie pharmaceutique.

Des médicaments courants jugés à risque

Certains produits emblématiques du quotidien figurent à nouveau dans le rapport, comme :

  • Le Voltarène (diclofénac) : un anti-inflammatoire populaire, mais qui augmente le risque d’accidents cardiovasculaires (infarctus, insuffisance cardiaque, décès d’origine cardiaque) par rapport à d’autres anti-inflammatoires non stéroïdiens ;
  • Le Smecta et autres argiles médicamenteuses, utilisées contre la diarrhée ou les troubles digestifs, contiennent des traces de plomb, potentiellement toxiques pour le système nerveux, les reins et le système cardiovasculaire ;
  • Le Maxilase, sirop bien connu contre la toux, repose sur une enzyme sans efficacité prouvée, tout en exposant à des réactions cutanées ou allergiques parfois sévères.

« Dans de nombreux cas, la meilleure option reste de ne pas recourir à un médicament du tout », rappelle Prescrire.

Les nouveaux venus : des effets secondaires jugés disproportionnés

Parmi les quatre nouvelles entrées de 2026 :

  • Andexanet alfa (Ondexxya°) : ce médicament, administré en urgence pour contrer les effets d’anticoagulants, pourrait provoquer des complications cardiovasculaires graves. Il est principalement utilisé dans les hôpitaux.
  • Chondroïtine (Chondrosulf°) : censée soulager les douleurs de l’arthrose, cette molécule expose à des réactions allergiques sévères (urticaires, œdèmes de Quincke, éruptions cutanées), sans bénéfice prouvé sur la douleur articulaire.
  • Fézolinétant (Veoza°) : indiqué pour atténuer les bouffées de chaleur de la ménopause, il peut entraîner des atteintes hépatiques graves, ainsi que des troubles digestifs et neuropsychiques.
  • Géfapixant (Lyfnua°) : ce traitement contre la toux chronique provoque des troubles du goût très fréquents, parfois une pneumonie ou des calculs urinaires.

Deux médicaments retirés de la liste

Bonne nouvelle, toutefois : deux molécules sortent de la liste des traitements à éviter.

  • L’acide obéticholique, car il n’est plus utilisé dans les pathologies où il présentait des effets hépatiques graves.
  • Le piracétam, souvent prescrit pour des troubles cognitifs ou des vertiges, est retiré uniquement pour une indication rare (les myoclonies corticales), où un léger intérêt clinique reste possible, mais sa balance bénéfices-risques demeure défavorable dans les autres usages.

Une démarche indépendante et pédagogique

Éditée par l’Association Mieux Prescrire (AMP), la revue se positionne comme un acteur indépendant au service de la santé publique, loin de toute influence de l’industrie pharmaceutique. Son objectif : informer les professionnels de santé et le grand public sur les traitements dont les bénéfices sont incertains, ou dont les risques surpassent les effets positifs. « Notre mission est d’œuvrer, en toute indépendance, pour des soins de qualité, dans l’intérêt premier des patients », rappelle l’AMP. La liste annuelle de Prescrire est souvent utilisée comme outil de référence par les médecins, pharmaciens et patients désireux d’un usage raisonné des médicaments.

Chaque année, cette publication fait débat, mais elle a un mérite : rappeler qu’aucun médicament n’est anodin. Certaines molécules très courantes, en vente libre, continuent d’être consommées sans réelle justification médicale.
Prescrire encourage donc à réévaluer systématiquement la nécessité de tout traitement, notamment chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Avant de prendre un médicament, mieux vaut demander conseil à un professionnel de santé, ou vérifier son efficacité réelle à la lumière des évaluations indépendantes.

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