Selon une vaste étude publiée par l’Insee, les Français ne sont pas égaux face à la mort. Entre 2020 et 2024, le risque de décéder dans l’année varie fortement selon le niveau de vie, le sexe, mais aussi la région d’habitation.
L’enquête révèle des disparités frappantes entre le nord et le sud du pays : les habitants des Hauts-de-France ont un risque de décès 17 % supérieur à la moyenne nationale, tandis que ceux des Pays de la Loire ou d’Occitanie bénéficient de la mortalité la plus faible.
Des écarts régionaux marqués entre le nord et le sud
L’étude, publiée ce lundi 15 décembre, repose sur le suivi des décès en France métropolitaine entre 2020 et 2024. En croisant l’âge, le sexe et le niveau de vie des habitants, l’Insee a calculé le « risque de décès dans l’année » selon les régions.
Les résultats sont sans appel : les écarts géographiques se creusent.
- Les Pays de la Loire et l’Occitanie arrivent en tête : les habitants y présentent un risque de décès inférieur de 8 % à celui des habitants du Centre-Val de Loire, pris comme référence.
- La Nouvelle-Aquitaine suit de près, avec une mortalité 7 % plus faible que la moyenne.
- À l’inverse, les Hauts-de-France enregistrent la mortalité la plus forte, avec un risque de décès supérieur de 17 % à la région de référence.
- Le Grand Est (+9 %) et la Normandie (+5 %) complètent le bas du classement.
« Ces écarts peuvent s’expliquer par des différences culturelles (habitudes alimentaires), comportementales (tabagisme, alcool), environnementales (pollution) ou encore par des disparités dans l’offre de soins », analyse l’Insee.
L’Île-de-France, la région la plus “protégée”
Lorsqu’on prend en compte tous les niveaux de vie, l’Île-de-France se hisse en tête du classement national.
Les Franciliens présentent une mortalité moyenne inférieure de 7 % à celle observée dans le Centre-Val de Loire.
Un avantage directement lié à un niveau de vie plus élevé, mais aussi à une offre médicale plus dense et des conditions de vie globalement meilleures.
À l’inverse, les Hauts-de-France, où le revenu médian reste plus faible et la pollution plus marquée, cumulent les facteurs de risque : le taux de mortalité y est 21 % plus élevé que dans la région de référence.
Des inégalités sociales criantes : 17 ans d’écart d’espérance de vie
Au-delà de la géographie, l’Insee souligne des inégalités sociales vertigineuses.
Les différences d’espérance de vie selon le revenu restent considérables :
- Chez les hommes les 5 % les plus modestes, l’espérance de vie est de 72 ans.
- Chez les 5 % les plus aisés, elle atteint 85 ans.
- Chez les femmes modestes, elle s’élève à 80,1 ans, contre 88,7 ans pour les plus aisées.
Soit un écart total de 17 ans entre les hommes les plus pauvres et les femmes les plus riches.
Un gouffre qui reflète l’impact du niveau de vie sur la santé, mais aussi la nature des emplois occupés, les conditions de travail et les comportements à risque.
« Les risques professionnels, le tabagisme, l’alimentation ou encore la consommation d’alcool expliquent en partie ces écarts d’espérance de vie », indique l’Insee.
Quand le mode de vie devient une frontière sanitaire
L’étude rappelle que la longévité ne dépend pas uniquement de l’accès aux soins, mais aussi du mode de vie propre à chaque territoire. Dans le nord et l’est, les habitudes alimentaires plus grasses, la consommation d’alcool plus importante et la prévalence du tabac pèsent lourdement sur la santé publique. À l’inverse, dans le sud et l’ouest, une alimentation plus méditerranéenne, une activité physique plus régulière et un climat plus doux contribuent à une meilleure espérance de vie. Les pollutions atmosphériques, la densité urbaine ou encore les inégalités dans la répartition des médecins généralistes et spécialistes expliquent également ces fractures sanitaires.
L’étude 2020-2024 de l’Insee offre une radiographie précise d’un pays où la longévité dépend encore trop souvent du code postal et du revenu.
Si l’espérance de vie moyenne à la naissance reste parmi les plus élevées d’Europe (82,5 ans), les disparités régionales et sociales s’intensifient, signe d’un système de santé et de prévention encore inégalement réparti. « Ces écarts territoriaux, persistants malgré les politiques publiques, rappellent l’importance des déterminants sociaux et environnementaux de la santé », conclut l’institut.


